Le parlementaire de 69 ans, membre du parti conservateur de Boris Johnson et ardent brexiter, a été poignardé à plusieurs reprises peu après midi (11h00 GMT). L'attaque s'est déroulée dans l'église méthodiste dans laquelle il recevait ses administrés pendant une permanence parlementaire à Leigh-on-Sea, à environ 60 km à l'est de Londres.
Un homme de 25 ans a été immédiatement arrêté sur place, soupçonné de meurtre. Plusieurs médias britanniques ont rapporté que cet homme serait un ressortissant britannique d'origine somalienne.
Attaque liée à "l'extrémisme islamiste"
"Les premiers éléments de l'enquête ont révélé une motivation potentielle liée à l'extrémisme islamiste", a annoncé la police métropolitaine dans un communiqué, dans la nuit de vendredi à samedi, quelques heures après que l'enquête a été confiée à la direction antiterroriste.
Selon le quotidien The Guardian, il partage certaines coordonnées avec une personne récemment signalée au programme de lutte contre la radicalisation.
Le député a succombé sur place à ses blessures malgré l'intervention rapide des secours et un couteau a été retrouvé, a précisé la police de l'Essex, qui ne recherche aucun autre suspect.
Élu au Parlement en 1983, chevalier en 2015
David Amess, marié et père de cinq enfants, a été élu pour la première fois au Parlement en 1983 en tant que député de Basildon avant de représenter Southend West à partir de 1997. Il tenait régulièrement des réunions avec les électeurs les premier et troisième vendredis du mois.
Il avait été fait chevalier par la reine Elizabeth II pour son engagement public en 2015. David Amess était particulièrement attaché aux problématiques liées à sa circonscription d'Essex ainsi qu'à la cause animale.
Le "choc" et la "tristesse" de Boris Johnson
Les réactions politiques ont immédiatement afflué, dans un pays marqué par l'assassinat en pleine rue en 2016 de la députée europhile Jo Cox une semaine avant le référendum sur le Brexit par un sympathisant néo-nazi.
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Le Premier ministre britannique Boris Johnson a exprimé sa tristesse. "Nos coeurs sont très choqués et tristes aujourd'hui, après la disparition du député Davis Amess, qui a été tué lors de sa permanence parlementaire, dans une église, après presque 40 ans au service" de ses administrés et du Royaume-Uni, a déclaré le chef du gouvernement conservateur dans une brève intervention télévisée.
Les drapeaux de Downing Street, la résidence officielle du Premier ministre, ont été mis en berne. "Nouvelle horrible et profondément choquante", a quant à lui tweeté le chef de l'opposition travailliste Keir Starmer, adressant ses pensées au député, ses proches et ses collaborateurs.
rtr/ami
Débat sur la sécurité des élus au Royaume-Uni
Ce drame et celui de l'assassinat de Jo Cox interrogent sur les dispositifs de sécurité entourant les députés, en particulier au contact du public dans leurs circonscriptions. "Nous ne pouvons pas nous laisser intimider par un individu", a estimé samedi à Leigh-on-Sea la ministre de l'Intérieur Priti Patel. Mais certains parlementaires envisagent de modifier leurs interactions avec le public pour privilégier la sécurité.
Le député travailliste Chris Bryant a suggéré dans une tribune au Guardian que les députés ne rencontrent plus leurs administrés "que sur rendez-vous". "Nous ne voulons pas vivre dans des forteresses. Mais je ne veux pas perdre un autre collègue d'une mort violente", a-t-il expliqué.
Le député conservateur Tobias Ellwood, qui avait tenté de sauver la vie du policier Keith Palmer poignardé lors d'une attaque près du Parlement en 2017 revendiquée par le groupe djihadiste Etat islamique, a, lui, recommandé sur Twitter de suspendre temporairement les réunions avec les administrés.
D'autres députés ont en revanche organisé comme prévu leurs permanences parlementaires samedi, comme le conservateur Robert Largan qui a affirmé qu'il continuerait à aller à la rencontre des électeurs, appelant sur Twitter à "défendre la démocratie".
Hausse des actes de délinquance contre les parlementaires
La police a recensé une augmentation des actes de délinquance visant les parlementaires: +126% entre 2017 et 2018 et +90% sur les quatre premiers mois de 2019, selon ses chiffres. Nombre d'élus racontent avoir fait l'objet de menaces de mort dans le contexte du Brexit qui a profondément divisé le pays, et les assistants parlementaires ne sont pas épargnés.
Déterminé à "examiner la sécurité des députés et toutes les mesures à prendre", le président de la chambre des Communes, Lindsay Hoyle, a souligné que le drame constituait "un choc pour la communauté parlementaire et l'ensemble du pays".