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La liste russe des "agents de l'étranger" ne cesse de s'allonger

Pour faire taire les voix critiques, la Russie étoffe sa liste des "agents de l'étranger". Deux de ces "agents" témoignent.
Pour faire taire les voix critiques, la Russie étoffe sa liste des "agents de l'étranger". Deux de ces "agents" témoignent. / 19h30 / 2 min. / le 16 octobre 2021
Deux nouveaux médias en ligne ont été déclarés vendredi "agents de l'étranger" par le gouvernement russe, renforçant encore la pression sur la liberté d'expression et les voix critiques à l'encontre du pouvoir. La RTS a rencontré deux de ces Russes mis à l'index.

Le ministère de la Justice a ajouté le portail d'informations en ligne Rosbalt.ru et le site internet spécialisé dans des analyses de l'actualité Republic sur sa liste des "agents de l'étranger".

Rosbalt.ru est un média populaire qui a des bureaux à Moscou et à Saint-Pétersbourg tandis que Republic fonctionne avec des abonnements.

En vertu de cette loi passée en 2012, toute organisation, ou personne physique depuis décembre 2019, qui reçoit des financements de l'étranger et qui mène, selon le pouvoir, une activité politique peut être concernée.

>> Relire : En Russie, les individus pourront être qualifiés d'agents de l'étranger

Mention obligatoire

Le classement en tant qu'"agent de l'étranger" oblige un média à faire connaître ce statut dans toutes ses publications, textes, vidéos et messages sur les réseaux sociaux, ce qui s'avère très dissuasif pour les sources et les annonceurs et rend très difficile le travail des journalistes. Tout manquement peut entraîner des amendes ou des peines de prison pouvant aller jusqu’à 5 ans.

Dojd, la dernière télévision indépendante de Russie financée uniquement par ses abonnés, a elle aussi été mise à l'index en août dernier et doit désormais le mentionner par un paragraphe sur chacune de ses publications.

Daniil Sotnikov, journaliste à Dojd, a été désigné "agent de l’étranger" à titre individuel. "Beaucoup de mes amis sont déjà sur cette liste, je savais ce qui m’attendait. Tous les journalistes indépendants, activistes ou avocats doivent s’attendre à ce que la situation ne fasse qu’empirer", indique-t-il dans le 19h30 de la RTS.

"On pense tous à la suite, à ce qu'on va faire. A quoi bon attendre comme un animal devant un prédateur? Il faut agir. Et peut-être, quitter la Russie", conclut le journaliste.

Une vie bouleversée

D'autres ont déjà fui, comme Daria Apakhontchitch, professeur de russe de Saint-Pétersbourg et militante féministe, qui a préféré s'en aller en Géorgie avec ses enfants après une descente de police. Elle avait été classée comme "agent étranger" fin décembre 2020 en raison de paiements reçus de l'étranger pour des cours.

"Au départ on n'y croit pas, ça ne peut pas être vrai. Puis on réalise qu'il faut complètement bouleverser sa vie, ses activités. On se demande également si ça peut être dangereux pour ses amis", explique Daria Apakhontchitch à la RTS.

Et malgré son exil, tous les trois mois elle doit toujours envoyer un rapport complet de ses activités et dépenses au Ministère de la Justice.

Des dizaines de journalistes russes et de nombreux médias indépendants dont Rain TV et Meduza, un site internet populaire d'informations, ont été désignés "agents de l'étranger" par la justice russe. La liste du ministère de la Justice comprend actuellement près de 90 noms.

Le Nobel de la paix n'est pas un "bouclier"

Les médias indépendants de premier plan qui ne figurent pas sur la liste sont la radio Echo de Moscou et le journal Novaïa Gazeta dont le rédacteur en chef Dmitri Mouratov a été récompensé la semaine dernière du prix Nobel de la Paix, avec la journaliste philippine Maria Ressa.

Le président russe Vladimir Poutine a néanmoins prévenu que le prix Nobel attribué à Dimitri Mouratov n'était pas un "bouclier" le protégeant du statut d'"agent de l'étranger".

>> Lire aussi : Le prix Nobel de la paix attribué aux journalistes Maria Ressa et Dimitri Muratov

Reportage TV: Julian Colling

Adapation web: cab avec les agences

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