Dix ans après l'assassinat de Mouammar Kadhafi, la Libye est totalement divisée, pour résumer schématiquement, entre l'est et l'ouest, avec des aspirations opposées dans chaque camp. Dans ce contexte, les élections prévues dans le pays par l'Organisation des nations unies (ONU) s'annoncent à très haut risque.
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Plusieurs candidats se profilent à la présidence, dont le fils de Kadhafi, Seif al-Islam. Dès le début de la révolution contre le régime de son père, il a prôné la répression sanglante contre les manifestants. Il est ensuite capturé par les rebelles et disparaît avant de refaire surface par surprise en juillet dernier, lors d'une interview exclusive accordée au
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Alors même qu'il est recherché par la Cour pénale internationale (CPI), le titre de l'entretien laisse peu de doutes sur ses ambitions: "He Wants to Take Libya Back" (Il veut reprendre la Libye).
Seif al-Islam Kadhafi a pourtant des chances de se faire élire. La population libyenne est exténuée par les conflits et les milices, et les citoyens et citoyennes sont de plus en plus nombreux à regretter le régime de Mouammar Kadhafi.
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Retour possible à l'autoritarisme
L'autre candidat sérieux à la présidence est le maréchal Haftar, l'homme autoritaire qui a la mainmise sur l'est du pays.
Ces élections sont organisées alors que le pays n'a même pas de Constitution. La communauté internationale semble tentée par le retour d'un homme fort et l'idée qu'il n'est pas possible d'espérer autre chose que l'autoritarisme pour stabiliser la Libye fait son chemin dans les chancelleries.
Rien ne permet toutefois de présumer que ceux qui ne remporteront pas la présidentielle accepteront le résultat, d'autant que chaque camp compte sur des milliers d'hommes armés.
Des élections préoccupantes
L'ONU dénombre plus de 20'000 mercenaires étrangers et rivaux sur le sol libyen.
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Les candidats qui se préparent à ces élections ne sont pas des démocrates dans l'âme et aucun d'entre eux ne risque d'accepter de bon gré sa défaite au profit de la pacification du pays.
Ces élections, si elles ont lieu, pourraient déclencher un nouveau conflit.
Maurine Mercier/iar