"J'ai dit à notre ministre des Affaires étrangères que nous ne pouvons pas nous permettre de les accueillir dans notre pays", a déclaré Recep Tayyip Erdogan, selon des propos rapportés par plusieurs médias turcs.
Dans un communiqué publié lundi soir, le Canada, la France, la Finlande, le Danemark, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, la Suède et les Etats-Unis avaient appelé à un "règlement juste et rapide de l'affaire" Osman Kavala, éditeur et mécène turc devenu une bête noire du régime. Il est emprisonné depuis quatre ans sans jugement.
"Est-ce à vous de donner une leçon à la Turquie?", a réagi le président turc, soulignant que la justice turque est "indépendante". Ankara avait convoqué mardi les ambassadeurs de ces dix pays, jugeant "inacceptable" leur appel en faveur de la libération d'Osman Kavala.
Les diplomates estimaient notamment que "le retard persistant [pris par] son procès [...] jette une ombre sur le respect de la démocratie, de l'Etat de droit et de la transparence du système judiciaire turc".
Menaces de sanctions européennes
Cet opposant de 64 ans, figure majeure de la société civile, est accusé depuis 2013 par le régime du président Erdogan de chercher à déstabiliser la Turquie. Il est notamment en ligne de mire pour avoir soutenu en 2013 les manifestations anti-gouvernementales connues sous le nom de mouvement de Gezi.
Puis il a été accusé d'avoir cherché à "renverser le gouvernement" lors de la tentative de coup d'Etat de 2016. En décembre 2019, la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) avait ordonné sa "libération immédiate", en vain.
Osman Kavala restera au moins jusqu'au 26 novembre en prison, a décidé début octobre un tribunal d'Istanbul, malgré les menaces européennes de sanctions contre Ankara, venant notamment du Conseil de l'Europe.
Ces sanctions pourront être adoptées lors de sa prochaine session, du 30 novembre au 2 décembre, si l'opposant n'est pas libéré d'ici là.
agences/iar