La Suisse n'a pas signé la déclaration commune à l'ONU pour protéger les Ouïghours du Xinjiang
Bien qu'ayant pris part à cette initiative diplomatique en 2019 et en 2020, la Suisse a donc finalement refusé de parapher la déclaration. Le texte évoque ouvertement les accusations de torture, de stérilisation, d'internement systématique et de travail forcé auquel sont soumis les populations autochtones du Xinjiang, Ouïghours en tête.
Les signataires exigent un accès sans restriction à cette région via le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme. Pékin rejette de son côté ces critiques et évoque un complot international visant à lui nuire.
En 2019, les autorités chinoises avaient reproché à Berne son implication dans cette démarche et avait décidé, hasard ou non, de suspendre dans la foulée le dialogue Suisse-Chine sur les droits humains.
Priorité à la neutralité
Contacté par la RTS, le Département fédéral des affaires étrangères explique l’abstention de la Suisse par la volonté de préserver son rôle "d’Etat-hôte d’importants entretiens […] dont la tenue est dans l’intérêt de la communauté internationale".
La Confédération, qui a récemment accueilli une rencontre de haut niveau entre les Etats-Unis et la Chine, entend donc désormais donner la priorité à son rôle de facilitateur entre les deux grandes puissances plutôt qu’à cette déclaration annuelle sur le Xinjiang.
Excédée par les critiques à son encontre, Pékin ne se prive pas de faire pression en coulisses sur ses différents partenaires pour atténuer les accusations à son encontre. Malgré ces efforts, la déclaration annuelle sur le Xinjiang s'est renforcée au fil des ans. De vingt-trois pays signataires en 2019, le nombre est désormais passé à 43 cette année, avec deux défections seulement: Haïti, et donc, la Suisse.
Michael Peuker/ther