Au Portugal, la vaccination est un succès et le Covid ne fait plus la Une des médias

Devant le centre de vaccination de l'avenue Gama Pinto, l'un des quatre à ne pas avoir encore fermé dans la capitale, le ballet des taxis mis à disposition gratuitement par la municipalité a repris.

Mais les usagers ne sont que des seniors, 80 ans et plus, qui viennent pour effectuer une troisième dose de vaccin. Pas la peine en effet de chercher d'autres adultes dans les files d'attente quasi vides, car depuis le début du mois, le Portugal n'a quasiment plus aucun adulte à vacciner.

Si en Suisse, 62% de la population a reçu ses deux doses, c'est près de 86% des Portugais et des Portugaises qui sont vaccinés complètement, dont 100% des 65 ans et plus.

"Une grande confiance dans les autorités de santé"

"Traditionnellement, les taux de vaccination au Portugal sont extrêmement élevés (...) la population portugaise a en général une grande confiance dans les autorités de santé, pas dans les politiciens ou le Premier ministre", explique Ana Nunes De Almeida, docteur en sociologie à l'Université de Lisbonne, lundi dans La Matinale.

Et d'ajouter: "On est un pays pauvre, qui est habitué à survivre avec l'entraide des uns et des autres. Les jeunes ont des relations très proches avec les grands-parents et ils ont senti qu'il était important de se vacciner pour protéger les plus âgés, contrairement à d'autres réalités européennes."

Un succès également logistique

Mais si un tel succès est en partie culturel, il est aussi logistique. Un homme symbolise plus que tout autre cette campagne menée tambour battant, et surtout en dehors de toute appartenance politique: le vice-amiral Henrique Gouveia e Melo, le très populaire et très respecté chef d'orchestre de cette opération.

"Comme cela se fait à l'armée, ils ont mis sur pied une stratégie de combat. Et lui l'a pris comme un combat, sans aucun drame mais avec énormément d'organisation", explique Vera Novais, journaliste scientifique pour le journal El Observador.

>> Réécouter à ce sujet le reportage du 12h30 :

Reuters - Pedro Nunes

Pas encore de retour à la normale

Pourtant, malgré cette immunisation de masse, le port du masque et les autres mesures barrières restent bien visibles, bien qu'ils ne soient plus obligatoires.

Ana Maria, qui vit sur l'Avenue Alvares Cabral, fait comme la majorité des Lisboètes qu'on peut croiser dans la rue. Elle continue à porter son masque, même en extérieur: "Tant que l'OMS ne déclare pas la fin de la pandémie, je continuerai à faire attention, même si je suis vaccinée", explique-t-elle.

Au ministère de la Santé, le secrétaire d'Etat adjoint Antonio Lacerda Salès, l'une des figures de la crise Covid au Portugal, se refuse également à tout triomphalisme: "Nous devons rester très attentifs à l'évolution de la pandémie dans les prochains temps, car il reste une grande incertitude comme il y en a toujours eu."

Mais la confiance est bien présente: "Je dirais que c'est une nouvelle normalité, un message d'optimisme, de confiance et d'espoir. La pandémie a donné à l'humanité une année sabbatique, pour que nous réfléchissions aux choses que probablement nous faisions mal et que nous pourrions faire mieux (...) Les Portugais ont compris ce message: nous allons maintenant revenir à une nouvelle normalité, mais de manière précautionneuse, graduelle et progressive", détaille-t-il, philosophe.

La dernière phase du déconfinement se poursuit quant à elle ces derniers jours au Portugal, avec l'abandon récent de l'obligation de présenter un certificat Covid dans de nombreux cas.

Reportage radio: Benjamin Luis

Adaptation web: Tristan Hertig