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Nicolas Sarkozy refuse de témoigner dans le procès des sondages de l'Elysée

L'ancien président français Nicolas Sarkozy a refusé de témoigner dans l'affaire des sondages de l'Elysée. [Reuters - Christian Hartmann]
Nicolas Sarkozy oppose le silence aux questions du tribunal dans l'affaire des sondages de l'Elysée / Le Journal horaire / 23 sec. / le 2 novembre 2021
Parfaitement anticonstitutionnelle" et "totalement disproportionnée": Nicolas Sarkozy a dénoncé mardi la décision du tribunal de Paris le forçant à témoigner au procès de l'affaire des sondages de l'Elysée et a refusé de répondre aux questions au nom de son immunité présidentielle.

Nicolas Sarkozy a quitté la salle d'audience vers 14h30, moins d'une heure après son arrivée.

A la barre de la 32e chambre correctionnelle, l'ancien président âgé de 66 ans a d'entrée de jeu contesté les conditions de sa comparution, dans une déclaration liminaire d'une dizaine de minutes.

"J'ai appris par la presse que vous aviez lancé un mandat d'amener pour me contraindre par la force publique à venir témoigner", a déclaré Nicolas Sarkozy. "De mon point de vue, cette décision n'est pas constitutionnelle et surtout elle est totalement disproportionnée."

"C'est un principe essentiel des démocraties qui s'appelle la séparation des pouvoirs et, comme président de la République, je n'ai pas à rendre compte de l'organisation de mon cabinet ou de la façon dont j'ai exercé mon mandat", a-t-il poursuivi, affirmant avoir "fait appel" de la décision de le contraindre à témoigner.

Nicolas Sarkozy a ensuite systématiquement opposé le silence aux questions de fond du président du tribunal.

>> Réécouter le sujet du 12h30 :

Claude Guéant, l'ancien secrétaire général de l'Elysée, est sur le banc des accusés dans l'affaire des sondages sous la présidence de Nicolas Sarkozy. [AFP - Pascal Pochard Casabianca]AFP - Pascal Pochard Casabianca
Le procès des sondages de l'Elysée s'ouvre dans l'ombre de Nicolas Sarkozy / Le 12h30 / 1 min. / le 18 octobre 2021

Une première pour un ancien président

"Si je commence à répondre au quart ou au dixième des questions, ça veut dire que je suis venu ici pour m'expliquer sur les faits", a-t-il expliqué, affirmant que sa position n'était "pas un choix" mais un "devoir".

Protégé par la Constitution, l'ancien chef de l'Etat n'a jamais été poursuivi, ni entendu à propos des soupçons de favoritisme et de détournement de fonds publics sur lesquels s'expliquent depuis le 18 octobre ses anciens collaborateurs.

Mais, coup de théâtre, le président de la 32e chambre correctionnelle du tribunal de Paris a ordonné en octobre sa comparution comme témoin, au besoin "par la force publique", estimant son audition "nécessaire à la manifestation de la vérité".

Cité comme témoin par l'association Anticor, partie civile, Nicolas Sarkozy avait initialement fait savoir dans un courrier qu'il n'entendait pas venir, comme il l'avait déjà fait pendant l'instruction.

Jusqu'ici, jamais la justice n'avait contraint un ex-chef de l'Etat à témoigner sur des faits en lien avec des actes accomplis dans l'exercice de ses fonctions.

Cinq collaborateurs accusés

Sur le banc des prévenus, cinq anciens collaborateurs ou conseillers de Nicolas Sarkozy sont interrogés depuis deux semaines sur des prestations de conseil et de fourniture de sondages qui ont coûté plusieurs millions d'euros entre 2007 et 2012.

Aucune n'a fait l'objet d'un appel d'offres, ce qui constitue, pour l'accusation, du favoritisme de la part de l'ancien secrétaire général Claude Guéant, de l'ex-directrice de cabinet Emmanuelle Mignon et de celui qui était alors conseiller technique "opinion", Julien Vaulpré.

Soupçonné d'avoir profité d'un "avantage injustifié", l'ancien sondeur Pierre Giacometti et le politologue Patrick Buisson sont jugés pour recel de favoritisme.

afp/ther

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