La jeune femme, âgée de 30 ans et dont la grossesse avait commencé 22 semaines plus tôt, s'est éteinte fin septembre dans un hôpital à Pszczyna en Silésie (sud).
Elle s'était rendue à l'hôpital après la rupture de la poche des eaux, a raconté sa famille. Des échographies avaient auparavant mis au jour des malformations du foetus. Les médecins ont alors refusé de pratiquer une IVG. Ce n'est qu'à la mort du foetus, constatée par échographie, qu'ils ont décidé de procéder à une césarienne.
"Pas une de plus"
"Les médecins ont attendu la mort du foetus. Le foetus est mort, la patiente est morte. Choc septique", a écrit Jolanta Budzowska, l'avocate de la famille, dans un tweet. Selon elle, la trentenaire est la première à avoir perdu la vie en conséquence de la décision du Tribunal constitutionnel d'octobre 2020, entrée en vigueur fin janvier.
Le Tribunal, soutenu par le gouvernement nationaliste de Droit et Justice (PiS), a alors proscrit l'interruption volontaire de grossesse en cas de malformation grave du foetus, ce qui a abouti à l'interdiction de toute IVG sauf en cas de viol ou d'inceste ou lorsque la vie de la mère est en danger.
"Pas une de plus !", ont scandé les milliers de manifestants à Varsovie qui se sont réunis devant le siège du Tribunal avant de se rendre devant le ministère de la Santé. "Je suis ici pour que la vie d'aucune femme ne soit plus en danger. L'actuelle législation tue les femmes", a déclaré à l'AFP Ewa Pietrzyk, une Varsovienne d'une quarantaine d'années portant une photo de la femme décédée.
Des manifestations semblables se sont déroulées dans environ soixante-dix autres villes polonaises.
"Ma fièvre monte"
Selon une déclaration de sa famille, les médecins de l'hôpital de Pszczyna "ont adopté une attitude attentiste", ce que la défunte a interprété comme une volonté de ces derniers de ne pas avoir à procéder à un avortement. Toute personne, y compris les médecins aidant à pratiquer une IVG, est passible d'une peine de prison de trois ans.
"L'enfant pèse 485 grammes. Pour l'instant, grâce à la loi sur l'avortement, je dois rester couchée. Et il n'y a rien qu'ils puissent faire. Ils attendront qu'il meure ou jusqu'à ce que quelque chose commence et, sinon, je peux, génial, m'attendre à une septicémie", a écrit la jeune femme à sa mère dans un de ses sms rendus publics.
"Ma fièvre monte. J'espère que je n'aurai pas de septicémie sinon je ne m'en sortirai pas", a-t-elle encore écrit. "C'est l'horreur, ma vie est en danger. Et je dois attendre". Mariée depuis dix ans, elle avait une fille de neuf ans.
Rejet de toute responsabilité
Selon les nationalistes au pouvoir, la mort de cette jeune femme n'est pas due à la décision du Tribunal. Deux médecins de l'hôpital de Pszczyna ont été suspendus de leurs fonctions après sa mort et le parquet local a ouvert une enquête.
Selon les organisations de défense des droits des femmes, plusieurs milliers des Polonaises ont demandé leur aide dans le but de procéder à un avortement, principalement à l'étranger.
ats/jfe