Alors que des premières plaintes pénales avaient été classées sans suite par la justice en juin, pour "prescription" ou "insuffisance de preuves", ces nouveaux témoignages viennent relancer les affaires sulfureuses entourant cet ancien présentateur-star du journal télévisé d'Antenne 2 puis TF1.
Confronté aux premières accusations le 3 mars dernier sur le plateau de l'émission Quotidien, "PPDA" disait sa colère et dénonçait une affabulation suite aux accusations de viol lancées par la journaliste Florence Porcel. Il balayait les autres témoignages parus dans la presse, s'en prenant à leur anonymat.
L'ancien présentateur a été pris au mot. Parmi les huit témoignages publiés mardi par Libération, sept femmes témoignent à visage découvert. Le classement sans suite par la justice les a incitées à prendre la parole publiquement. Devant ses dénégations télévisées, l'une des victimes présumées dit avoir vomi.
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Mode opératoire récurrent
Ainsi, dans les colonnes du journal, Stéphanie Khayat, Cécile Delarue, Hélène Devynck, Cécile Thimoreau, Muriel Reus, Aude Darlet et Emmanuelle Dancourt décrivent des viols, les agressions sexuelles et le harcèlement mis en oeuvre par celui qui fut aux manettes du 20 Heures d'Antenne 2 puis de TF1 pendant plus de 30 ans.
Les faits dénoncés, qui s'échelonnent de 1985 à 2015, suivent le même scénario. Toutes décrivent un mode opératoire récurrent.
Au début ce sont des coups de fils insistants, des questions intrusives à ces jeunes journalistes ou étudiantes postulant pour un stage. Puis des baisers forcés et des actes sexuels commis par surprise. Le présentateur vedette use de l'effet de sidération. Et bénéficie du silence complice de la rédaction.
"Omerta"
Du moins, les témoignages recueillis par Libération vont dans ce sens. Les agressions auraient parfois eu lieu dans le bureau du présentateur. Une omerta régnait alors au sein de la rédaction. "Ce qui me choque le plus est le regard amusé de mes chefs. Je suis humiliée d’être jaugée comme la prochaine qui passera à la casserole", raconte l'une d'entre elles.
Les plaignantes disent leur honte de l'époque, leur peur de voir leur carrière professionnelle détruite si elles parlaient.
Ces nouveaux témoignages pourraient relancer le volet judiciaire. Au total, 14 femmes ont porté plainte à ce jour contre Patrick Poivre d'Arvor.
Alexandre Habay/jop