Après ce feu vert de la Chambre des députés, contrôlée par l'opposition (83 des 155 sièges), le Sénat doit encore se prononcer avec une majorité des deux tiers qui sera difficile à obtenir.
Le vote de la Chambre haute doit intervenir avant les élections générales du 21 novembre, lors desquelles un nouveau président sera élu et le Parlement renouvelé.
Une intervention de 15 heures
"Il a agi en cherchant son bénéfice personnel et celui de sa propre famille, utilisant des informations auxquelles il avait accès grâce à ses fonctions de président", a dénoncé au cours d'un débat entamé lundi le député socialiste Jaime Naranjo, qui s'est exprimé pendant 15 heures en lisant un texte de 1300 pages. Il a appelé à "en finir avec l'impunité".
"Je vous en prie, messieurs les députés, rejetez cette accusation constitutionnelle injuste et irrecevable", avait lancé de son côté l'avocat du président, Jorge Galvez.
Le président clame "sa totale innocence"
Sebastian Pinera est l'un des dirigeants politiques apparaissant dans les Pandora Papers, l'enquête divulguée par le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ). Il a démenti tout conflit d'intérêt dans la vente de la compagnie minière à un ami proche et clame sa "totale innocence".
Le président de droite, un des hommes les plus riches du Chili, estime qu'il y a déjà eu en 2017 "une enquête approfondie du ministère public" et que c'est "une affaire close par la justice".
Le parquet a toutefois fait valoir que les faits liés à la vente et à l'achat de la société minière "n'étaient pas expressément inclus" dans la décision de non-lieu de 2017.
Une transaction aux îles Vierges britanniques
Selon une enquête menée par les médias chiliens CIPER et LaBot, membres de l'ICIJ, la compagnie minière Minera Dominga a été vendue à l'homme d'affaires Carlos Alberto Délano, ami du chef de l'Etat, pour 152 millions de dollars (139 millions de francs), une transaction opérée aux îles Vierges britanniques.
Le paiement devait être effectué en trois versements, et contenait une clause controversée qui subordonnait le dernier paiement à la condition "qu'une zone de protection environnementale ne soit pas établie sur la zone d'exploitation de la société minière, comme le demandent des groupes écologistes".
D'après l'enquête, le gouvernement de Sebastian Pinera n'a finalement pas protégé la zone où l'exploitation minière était prévue, si bien que le troisième paiement a bien été effectué.
afp/oang