Environ 3000 à 4000 migrants, principalement des Kurdes du Moyen-Orient, sont massés depuis plusieurs jours dans une zone boisée à la frontière orientale de l'Union européenne, sous des températures glaciales et face à un important dispositif polonais destiné à les stopper.
Les Européens accusent depuis des semaines le président biélorusse Alexandre Loukachenko d'alimenter les tensions en délivrant des visas à des migrants et en les acheminant à la frontière pour se venger des sanctions européennes adoptées contre son pays pour sa répression d'un mouvement d'opposition, après la présidentielle de 2020.
La Pologne est allée plus loin, accusant le dirigeant russe Vladimir Poutine, principal allié de Minsk, d'être le coupable de cette crise. Des accusations balayées comme "irresponsables et inacceptables" par le Kremlin.
Plusieurs interpellations
Les autorités polonaises ont signalé mercredi une hausse des tentatives de traverser la frontière et affirmé que certaines avaient réussi, sans en préciser le nombre.
Tomasz Krupa, porte-parole de la police régionale à Podlaskie, à la frontière avec la Biélorussie, a indiqué à l'AFP que plus de 50 migrants ayant franchi la frontière avaient été interpellés et que d'autres étaient recherchés.
"La situation n'est pas calme", a déclaré à la radio le ministre de la Défense polonais Mariusz Blaszczak. Si lundi il s'agissait d'un important groupe tentant de passer, il a indiqué que désormais de nombreux groupes plus petits "attaquent simultanément la frontière polonaise à plusieurs endroits". Il a précisé que "quelque 15'000 soldats" protègent les frontières polonaises.
"Terrorisme d'Etat"
Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a quant à lui accusé mercredi la Biélorussie de "terrorisme d'État" dans cette crise des migrants. Il s'est exprimé lors d'une conférence de presse conjointe avec le président du Conseil européen Charles Michel.
Mateusz Morawiecki a dénoncé une "vengeance discrète" du président biélorusse Alexandre Loukachenko pour le soutien de la Pologne à l'opposition biélorusse.
La Biélorussie rejette ces accusations et accuse la Pologne de violation des droits de l'Homme en raison de son refus d'autoriser les migrants à entrer sur son territoire.
De son côté, Charles Michel a déclaré que "des sanctions éventuelles (contre la Biélorussie) étaient à nouveau sur la table", précisant que les pays membres de l'UE allaient en discuter lundi.
afp/gma
L'ONU dénonce une "situation intolérable"
La crise des migrants à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne constitue une "situation intolérable", a déclaré mercredi la Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Michelle Bachelet, réclamant un accès humanitaire "immédiat".
"Je suis consternée qu'un grand nombre de migrants et de réfugiés continuent d'être laissés dans une situation désespérée, dans des températures proches du gel", a déclaré Michelle Bachelet dans un communiqué.
"J'exhorte les Etats concernés à prendre des mesures immédiates pour désamorcer et résoudre cette situation intolérable, conformément aux obligations qui leur incombent, en vertu du droit international des droits humains et du droit des réfugiés", a-t-elle ajouté.