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L'Afghanistan se trouve au bord de la famine, alertent des ONG

ONG et organisations internationales s'alarment de la situation en Afghanistan. [AFP]
L'Afghanistan se retrouve au bord de la famine / La Matinale / 1 min. / le 11 novembre 2021
Les organisations internationales et non-gouvernementales s'alarment de la situation humanitaire et nutritionnelle en Afghanistan. Depuis la prise de pouvoir des talibans en août dernier, l'aide financière internationale est interrompue et la famine guette.

Economiquement, le système bancaire s'est effondré depuis trois mois et parallèlement la pauvreté a explosé suite à la hausse drastique des prix de produits de base, comme le riz ou la farine.

Pour le système de santé afghan, l'interruption du financement international mène aussi à une véritable catastrophe, constate l'organisation Médecins sans frontières. Seuls les centres autofinancés, tels que ceux de l'ONG médicale, fonctionnent encore normalement.

Niveau 4 sur 5

Coordinateur d'une structure de Médecins sans frontières dans la ville d'Hérat, dans l'Ouest afghan, Christophe Garnier tire la sonnette d'alarme jeudi dans La Matinale: "On est quand même au niveau 4 (sur 5) de l'insécurité alimentaire, ce qui est énorme. On ne peut peut-être pas encore parler de famine aujourd'hui, mais ce qui est certain, c'est qu'on va en parler très très rapidement s'il n'y a pas une action."

Après 20 ans de guerre, les Afghans sont sans emploi et sans ressources. Des millions de personnes sont désormais en mode survie.

"Les plus pauvres, qui sont les déplacés, ont quitté leur région suite à des années de conflit, mais aussi en raison de la sécheresse. Il y a des endroits où il n'a pas plu depuis plusieurs années. Lorsqu'ils arrivent dans des villes comme Hérat, étant donné la situation économique, ils n'ont accès à rien", explique Christophe Garnier.

A l'abord du rude hiver local, la moitié de la population est menacée par la faim, selon l'ONU, qui a appelé les pays d'accueil à ne plus expulser d'Afghans au vu de la situation dans leur pays. Avec la saison froide qui arrive, le responsable de Médecins sans frontières craint également une augmentation de la mortalité infantile.

La vie avant l'idéologie

Pour Christophe Garnier, avant l'idéologie, il faut donc avant tout penser à la vie de la population afghane: "Quand on me dit que l'aide humanitaire ne peut pas venir, parce que des pays veulent s'assurer des droits de l'homme, je crois qu'il faut être clair que le droit fondamental de tout humain est d'avoir accès à la nourriture. Donc punir une population et lui couper l'accès à la nourriture sous prétexte de préserver les droits humains, il y a quelque chose d'incohérent et d'hypocrite."

Tous les indicateurs humanitaires et sanitaires sont donc au rouge. L'Afghanistan s'effondre et s'enfonce dans la crise.

Nicolas Vultier/jfe

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La Banque mondiale pas près de reprendre ses aides directes

Le président de la Banque mondiale David Malpass a laissé entendre lundi dernier que l'institution n'était pas près de reprendre ses aides directes à l'Afghanistan, qui ont été suspendues fin août en raison de la prise du pouvoir par les talibans.

"L'un des défis est le système de paiement", a-t-il poursuivi, ajoutant qu'il n'y a "pas la possibilité de faire circuler l'argent, compte tenu de ce que fait le gouvernement actuel".

La Banque mondiale menait jusqu'alors une vingtaine de projets de développement en Afghanistan. Depuis 2002, elle a fourni 5,3 milliards de dollars, principalement sous forme de subventions.

Pas d'aides sans reconnaissance internationale

David Malpass a indiqué avoir rencontré le Comité international de la Croix-Rouge ainsi que des agences des Nations unies qui opèrent encore en Afghanistan et s'efforcent de faire fonctionner les cliniques.

"Nous cherchons des moyens de laisser les donateurs bilatéraux travailler via les Nations unies et le Comité international de la Croix rouge", a-t-il expliqué.

Car la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ne sont pas en mesure de fournir des aides directes en raison aussi de l'absence de reconnaissance internationale du gouvernement taliban.

Pas de vague de réfugiés afghans en Suisse

La Confédération ne s'attend pas à une vague de réfugiés afghans après la prise de pouvoir des talibans. L'évolution des demandes d'asile en 2022 dépendra surtout de la situation sur place.

Le gouvernement confirme ses évaluations des semaines précédentes. Selon les données, le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) estime que les demandes n'augmenteront que légèrement.

Elles "émaneront principalement de personnes qui séjournent déjà depuis passablement de temps dans des pays du sud-est de l'Europe", indique le Conseil fédéral en réponse au conseiller national Jean-Luc Addor (UDC/VS). Le SEM estime qu'une importante vague migratoire de l'Afghanistan vers l'Europe est peu probable, mais ne l'exclut pas totalement.

Fin septembre, 1260 requérants d'asiles avec un permis F et 11'542 admis provisoires avec un permis F étaient dans le processus d'asile.