Après 199 jours passés en orbite à plus de 400 km autour de la Terre, l'astronaute français de l'Agence spatiale européenne (ESA) est apparu souriant et en "grande forme physique", lors d'une conférence de presse retransmise depuis Cologne. Il va y subir une batterie d'examens et un programme de réhabilitation au Centre des astronautes européens.
Le deuxième séjour de Thomas Pesquet à bord de la station lui aura "beaucoup appris", avec sa première expérience de commandant de bord. Il a dû affronter une "situation d'urgence" le 15 octobre, avec la perte de contrôle accidentelle de l'orientation du vaisseau, provoquée par l'allumage intempestif d'un propulseur du vaisseau russe Soyouz MS-18, amarré à l'ISS.
Il a fallu "répondre de manière rapide, ce à quoi on s'entraîne, mais en vrai, avec la station qui tourne dans le ciel, c'est pas la même limonade", a raconté l'astronaute, qui s'est chargé alors de "répartir les rôles". Cet incident a "presque été une chance, parce que c'est une expérience enrichissante", a-t-il commenté.
"J'ai eu l'expérience complète, j'ai beaucoup appris", a-t-il poursuivi, se félicitant de sa chance d'avoir procédé à quatre sorties extra-véhiculaires dont il était l'acteur et le leader.
La bonne entente, facteur capital
Son rôle l'a aussi vu "mettre de l'huile dans les rouages", pour accommoder l'équipage et son travail à la présence pendant quelques jours d'une équipe de tournage d'un film russe.
Cette équipe, avec un cosmonaute professionnel, un réalisateur et une actrice, a pu travailler sans gêner le travail des astronautes, grâce à la préparation au sol. L'équipage a été "très clair" dès l'arrivée des nouveaux venus, "en se mettant d'accord gentiment et assez fermement sur les règles" de comportement. "Tout s'est très bien passé au final".
Ce deuxième séjour sur l'ISS a conforté le Français de 43 ans dans sa vision de l'équipage comme "une petite famille spatiale". Et dont la bonne entente est capitale dans la perspective de missions encore plus longues, comme un futur voyage vers Mars.
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Impact de l'activité humaine
Outre le "profil psychologique" des astronautes et les contacts avec les proches, Thomas Pesquet estime que "la clé, c'est que les gens soient occupés en permanence", pour éviter les pensées qui pourraient "abîmer un peu le moral". Car après tout, "la station spatiale, si on n'a rien à faire, c'est un peu comme une prison avec une très belle vue, et quelques trucs marrants comme flotter".
Cet observatoire lui a aussi permis de constater les conséquences négatives de l'activité humaine, comme la pollution. Mais il dit avoir vu cette fois "beaucoup plus d'événements climatiques extrêmes", tels que des tempêtes et des incendies.
A présent, l'astronaute va suivre un programme intensif de récupération. Il s'estime à 80% de ses capacités aujourd'hui et il table sur "six mois pour récupérer à 100%".
Se doucher et rêver avec la gravité
Entretemps, il retrouve quelques plaisirs simples. Ses collègues lui avaient parlé de cette "expérience marrante" de la douche du retour. A la différence de celles, dans la station, où "les gouttelettes vont dans tous les sens", il a eu "l'impression d'une expérience surnaturelle", avec "ces gouttes et cette eau qui coulent dans le même sens".
Avec une interrogation sur ses rêves à venir. Car dans l'ISS, "on rêve en impesanteur, avec des scénarios un peu bizarre mais avec les règles de l'environnement physique... en flottant". Il s'attend à revenir sur Terre au pays des songes d'ici quelques jours.
Et il garde toujours le même rêve - outre celui de passer une semaine sans aucune obligation: être choisi pour faire partie des astronautes européens qui mettront un jour les pieds sur la Lune.
ats/jfe