Selon ces médecins, 20 manifestants ont été tués et plus de 300 blessés au total depuis le putsch du 25 octobre. Ils ajoutent que l'accès des blessés aux hôpitaux est "très difficile", diffusant des appels au don de sang et demandant à d'autres médecins de venir prêter main forte face au flux de blessés.
Malgré les appels au calme venus de l'étranger, les décès survenus samedi après-midi semblent montrer que l'armée est décidée à en finir avec la mobilisation. Des centaines d'opposants et des militants ont aussi été arrêtés, estiment pour leur part les syndicats et d'autres associations prodémocratie.
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Samedi, dès les premières heures du matin, soldats et paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF) s'étaient positionnés en masse à Khartoum, bloquant les ponts reliant le centre à ses deux banlieues (Omdourman et Khartoum-Nord) et quadrillant les principaux axes.
Malgré ces obstacles, des cortèges sont partis de nombreux quartiers aux cris de "Non au pouvoir militaire" et "A bas le Conseil" de souveraineté dirigé par le général Abdel Fattah al-Burhane, auteur du coup d'Etat.
Journée test pour la rue et le pouvoir
Cette journée de samedi constituait une journée test pour la rue comme pour les généraux. Les partisans d'un pouvoir civil, réduits à s'organiser par SMS ou graffitis sur les murs avec la coupure du réseau internet depuis trois semaines, voulaient montrer qu'ils pèsent encore, alors que les militaires étaient de leur côté poussés à faire preuve de retenue pour rassurer la communauté internationale.
Le 25 octobre, le général Abdel Fattah al-Burhane avait rebattu les cartes d'une transition qui battait de l'aile depuis des mois. Il a fait rafler la quasi-totalité des civils au sein du pouvoir et mis un point final à l'union sacrée entre civils et militaires qui avait mis fin à 30 ans de dictature d'Omar el-Béchir.
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Elections pas avant l'été 2023
Jeudi, il a acté cette rupture en reformant le Conseil de souveraineté qu'il avait dissous le 25 octobre, reconduisant les militaires et nommant des civils apolitiques en remplacement des partisans d'un transfert complet du pouvoir aux civils.
Avec son second, le général Mohammed Hamdane Daglo, chef des RSF et accusé d'exactions graves, ils se sont engagés à "des élections libres et transparentes" à l'été 2023. Ces promesses n'ont pas apaisé l'opposition.
ats/vic