A la surprise générale et alors qu'on ignorait où il se trouvait ces dernières années, Seif al-Islam, 49 ans, barbe poivre et sel et portant des lunettes de vue, s'est présenté à l'antenne de la commission électorale à Sebha (sud), l'un des trois centres autorisés, avec Tripoli (ouest) et Benghazi (Est), selon des images relayées par les médias locaux.
Et il a annoncé sa candidature à la présidence d'un pays que son père, renversé et tué en 2011, a dirigé près de 42 ans. Il a signé les documents officiels, assisté de son avocat, et a ensuite prononcé des versets du Coran, puis conclu par la formule "Que Dieu vous bénisse", à l'adresse du personnel de la commission.
La liste des prétendants à la présidence de la Libye inclut déjà le maréchal Khalifa Haftar, dont les forces contrôlent l'est et le sud du pays, le Premier ministre Abdel Hamid Dbeibah et le président du Parlement Aguila Saleh.
La tenue du scrutin est incertaine
Censées mettre fin à une décennie de violences en Libye, la présidentielle, la première de l'histoire du pays, et les législatives prévues un mois plus tard restent néanmoins très incertaines sur fond de regain de tensions entre les camps rivaux, installés dans l'Ouest et dans l'Est, à l'approche de l'échéance.
La communauté internationale veut toutefois y croire. Elle a appelé vendredi à la tenue d'élections "inclusives" et "crédibles" et en menaçant de sanctions tous ceux qui y feraient obstacle.
agences/lan
Recherché par la Cour pénale internationale
Né le 25 juin 1972 à Tripoli, Seif al-Islam est le fils aîné de la seconde épouse de Mouammar Kadhafi et le deuxième de ses huit enfants. Il a étudié à Vienne et Londres avant de prendre une place auprès de son père qui semble en faire son fils "préféré".
Seif al-Islam mène campagne pour l'ouverture de son pays aux médias privés. Il lance en août 2007 la première chaîne de télévision privée ainsi que les deux premiers journaux privés du pays. Mais un an après, il annonce son retrait de la vie politique.
Il réapparaît dès le déclenchement de l'insurrection à la mi-février 2011 lorsque la Libye est à son tour touchée par le Printemps arabe. Il adopte alors un langage guerrier, tentant de sauver le régime dictatorial de son père.
"Nous ne lâcherons pas la Libye et nous combattrons jusqu'au dernier homme, jusqu'à la dernière femme et jusqu'à la dernière balle", affirme-t-il.
En juin 2011, la Cour pénale internationale (CPI) lance à son encontre un mandat d'arrêt "pour crimes contre l'humanité" commis pendant la répression du soulèvement en Libye.
Capturé en novembre 2011 par un groupe armé de Zenten (ouest), Seif al-Islam a été condamné à mort par les autorités judiciaires de Tripoli en 2015 à l'issue d'un procès expéditif. Mais le groupe refuse de le livrer.
Sa libération est annoncée par le groupe en juin 2017 sans être jamais confirmée et sa trace s'est évaporée depuis.
"La situation de Seif al-Islam Kadhafi à la CPI n'a pas changé. D'après la notice publiée en 2011, il est toujours recherché", a déclaré Fadi Abdallah, un porte-parole de la CPI à la chaîne Libya al-Ahrar.