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Une nouvelle formation anticorruption perce aux élections bulgares

Kornelia Ninova, leader du Parti socialiste bulgare, vote dans un bureau de vote lors des élections législatives à Sofia, en Bulgarie, le 14 novembre 2021. [Vassil Donev - EPA/Keystone]
Élections présidentielles et législatives en Bulgarie / Le 12h30 / 1 min. / le 14 novembre 2021
Une nouvelle formation anti-corruption fondée par deux entrepreneurs quadragénaires a réalisé une percée dimanche en Bulgarie, où se déroulaient les troisièmes législatives de l'année en pleine vague meurtrière de Covid-19.

Avec un score surprise de plus de 23% des suffrages, "Continuons le changement" fait quasi-jeu égal avec le parti conservateur Gerb de l'ancien Premier ministre Boïko Borissov (près de 25%), selon les estimations de sortie des urnes.

De l'avis des politologues, ce dernier, affaibli par les protestations massives de l'été 2020, ne devrait toutefois pas être en mesure de gouverner faute d'allié.

>> Lire à ce sujet : Les manifestations anticorruption en Bulgarie prennent un tour violent

Cet isolement laisse le champ libre à Kiril Petkov et Assen Vassilev, qui se sont lancés en septembre à la conquête du pouvoir après avoir séduit les Bulgares par leur action au sein du gouvernement intérimaire. "La Bulgarie prend un nouveau chemin", s'est félicité Kiril Petkov, apparu tout sourire devant une nuée de photographes et caméras.

La formation anti-corruption de Kiril Petkov (photo) a réalité une percée lors des élections législatives en Bulgarie. [AFP - Nikolay Doychinov]
La formation anti-corruption de Kiril Petkov (photo) a réalité une percée lors des élections législatives en Bulgarie. [AFP - Nikolay Doychinov]

Enfin une coalition?

Après l'échec des deux précédents scrutins, en avril puis juillet 2021, faute d'accord de coalition entre les partis, ce duo réussira-t-il dans une mission de son propre aveu difficile? Dans les bureaux de vote, les électeurs étaient partagés entre lassitude et mince espérance.

"J'espère que nous aurons enfin un nouveau gouvernement pour une meilleure vie", confiait dans la matinée une retraitée de 73 ans dans un bureau de la banlieue de Sofia. Mais d'autres, avant de glisser leur bulletin dans l'urne, craignaient "que ce soit en vain". De nombreux Bulgares ne se sont d'ailleurs même pas déplacés: le taux de participation était estimé à environ 40%.

À l'unisson, les différents responsables politiques ont dit leur détermination à sortir de l'impasse inédite depuis la fin du régime communiste. "La Bulgarie a besoin d'un gouvernement qui fonctionne normalement", avait plaidé Kiril Petkov après avoir voté dans la capitale.

Les deux nouveaux venus "sont très enthousiastes" mais ont peu d'expérience, prévient Boriana Dimitrova, directrice de l'institut de sondages Alpha Research. Elle pronostique une coalition "instable" du fait des divergences d'idées.

"Gauche, centre ou droite, peu importe"

Kiril Petkov et son acolyte Assen Vassilev, qui se sont rencontrés sur les bancs d'Harvard, détonnent dans le paysage politique bulgare. Leur objectif: "éradiquer la corruption" dans ce pays dernier du classement au sein de l'UE.

Les deux hommes se sont dits prêts au "compromis" et "très ouverts au dialogue" pour mettre sur pied une coalition. "Gauche, centre ou droite, peu importe", assure Kiril Petkov. "Si nous pouvons stopper" la corruption "et redistribuer l'argent pour le bien-être des contribuables, alors nous devrions pouvoir nous entendre avec de nombreux partis".

Mais les voix "du changement" ne suffiront pas. Selon les experts, il leur faudra sans doute s'allier avec les socialistes du PSB (environ 14% des voix), dont l'image est entachée par un passage au pouvoir désastreux dans les années 1990.

ats/vic

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Présidentielle: Roumen Radev en tête du premier tour

Parallèlement aux législatives, les Bulgares élisaient aussi dimanche leur président. Roumen Radev, candidat à sa succession, fait la course en tête à l'issue du premier tour avec 49% des suffrages, contre 25% pour son plus proche concurrent, le recteur de l'université de Sofia Anastas Gerdjikov, appuyé par Gerb.

Roumen Radev, ennemi juré de Boïko Borissov, a salué les résultats des élections, signe que "la société veut rompre avec la corruption et l'arbitraire". Les partis parlementaires ont désormais "la tâche impérative de former un gouvernement réformateur, anti-corruption et social", a-t-il exhorté.

Le Covid, priorité numéro 1

La gestion de la crise sanitaire fait partie des sujets urgents à traiter, car le cabinet intérimaire apparaît impuissant face à la dégradation de la situation.

Les hôpitaux sont débordés par les cas de Covid-19 et près de 200 personnes succombent chaque jour dans ce pays des Balkans où moins d'un quart des 6,9 millions d'habitants est complètement vacciné, la pire performance au sein de l'Union européenne.