Sortie le mois dernier, la chanson "Fragile" du rappeur malaisien Namewee - Wee Meng Chee de son vrai nom - avec la participation de la chanteuse sino-australienne Kimberley Chen, également installée à Taïwan, est devenue virale à travers l'Asie et parmi la diaspora chinoise, mais aussi cible des censeurs en Chine.
Cette parodie de chanson d'amour sirupeuse est remplie de railleries visant les "petits roses", un terme qui désigne en Chine l'armée d'internautes nationalistes, et le gouvernement chinois.
"Je ne me pose jamais de limite et ne m'impose aucune auto-censure", a déclaré Namewee aux journalistes lundi à Taipei, alors qu'il célébrait au champagne en compagnie de Kimberley Chen le franchissement de la barre des 30 millions de vues pour le clip acidulé sur YouTube.
"Pour moi, les bonnes créations doivent venir du coeur, elles doivent être sincères", a-t-il ajouté.
Des oeuvres souvent censurées
Les vedettes sinophones de la chanson, du cinéma ou autres, s'engagent rarement dans une polémique à propos de la Chine, connaissant l'habitude de Pékin de mettre sur liste noire ceux qui semblent critiquer son gouvernement. Un mot de travers peut rapidement conduire à l'exclusion d'un artiste du premier marché en mandarin au monde et ruiner sa carrière.
La volonté de Namewee et Chen d'aborder des sujets tabous a touché une corde sensible alors que la
Chine s'affirme de plus en plus sur la scène mondiale sous la direction du président Xi Jinping.
Ces quatre dernières semaines, "Fragile" est devenue l'une des vidéos les plus vues sur YouTube à Taïwan, Hong Kong, Singapour et en Malaisie. Elle a aussi rencontré un certain succès, plus modeste, dans la diaspora chinoise de pays comme l'Australie, le Canada et les Etats-Unis.
Quelques jours après la sortie de la chanson, les réseaux sociaux chinois ont supprimé les comptes de Namewee et Chen, leur musique a été censurée et les médias d'Etat ont accusé le duo d'insulter le pays.
La Chine retire régulièrement des chansons jugées politiquement incorrectes de ses plateformes de streaming. En août, le ministère chinois de la Culture a annoncé qu'il établirait une liste noire des chansons interdites pour "contenu illégal".
afp/iar