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Le procès d'Eric Zemmour pour incitation à la haine raciale s'ouvre en France

Le polémiste d'extrême droite Éric Zemmour et candidat putatif à l'élection présidentielle Eric Zemmour. [Keystone - AP Photo/Michel Euler]
Eric Zemmour comparaît devant la justice pour provocation à la haine / Le 12h30 / 1 min. / le 17 novembre 2021
Le procès du polémiste d'extrême droite Eric Zemmour pour ses propos controversés sur les migrants mineurs isolés a débuté mercredi à Paris en son absence par des demandes de renvoi et des échanges houleux entre avocats de la défense et des parties civiles.

Habitué des sorties controversées et des procédures judiciaires, Éric Zemmour est cité à comparaître par le parquet pour complicité de provocation à la haine raciale et d'injure raciale, pour des propos tenus sur la chaîne CNews le 29 septembre 2020.

Lors d'un débat de l'émission "Face à l'info" sur les mineurs isolés après un attentat devant les ex-locaux de Charlie Hebdo, le chroniqueur avait déclaré: "Ils n'ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c'est tout ce qu'ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu'ils viennent".

La chaîne CNews déjà sanctionnée

Sa défense estime que le polémiste n'a fait que "redire avec des mots différents" les inquiétudes exprimées par les autorités sur la délinquance liée aux mineurs non accompagnés. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a d'ores et déjà sanctionné en mars la chaîne d'information d'une amende de 200'000 euros pour "incitation à la haine" et "à la violence".

Les prises de position d'Eric Zemmour lui ont valu depuis une dizaine d'années une quinzaine de poursuites en justice. Plusieurs fois relaxé, il a été condamné à deux reprises pour provocation à la haine. L'ancien journaliste a été contraint à la mi-septembre de quitter l'émission quotidienne phare de CNews à cause de ses ambitions présidentielles pour 2022. Il ne s'est encore pas déclaré candidat mais, selon des sources proches, il devrait le faire avant un premier meeting de campagne envisagé début décembre.

>> Lire aussi : Le polémiste français Eric Zemmour privé d'émission sur CNews

Des débats agités

Eric Zemmour a décidé de ne pas se présenter devant le tribunal correctionnel "afin d'éviter que l'enceinte judiciaire ne se transforme en studio de télé d'information en continu", avait indiqué la veille son avocat Me Olivier Pardo. Devant une salle d'audience pleine, la présidente Delphine Chauchis a prévenu dès l'ouverture que son tribunal serait "particulièrement vigilant [quant à] la sérénité des débats".

Mais le ton est monté dès les premières minutes sur la question de la recevabilité des certaines parties civiles. Une trentaine d'entre elles se sont constituées, dont les associations SOS Racisme, la Ligue des droits de l'Homme (LDH) et la Maison des Potes, ainsi qu'une vingtaine de conseils départementaux, les mineurs non accompagnés étant pris en charge par l'aide sociale à l'enfance, gérée par les départements.

Parties civiles contestées par la défense

Ils sont ici "pour faire de la politique", a soutenu Me Pardo. "Les trois-quarts sont irrecevables et ils le savent très bien, ils ne sont là que pour faire nombre, pour faire masse", s'est insurgé à son tour Me Olivier Baratelli, qui défend le directeur de publication de la chaîne d'information CNews, jugé au côté d'Eric Zemmour comme c'est l'usage dans les procès de presse.

Les deux avocats ont tour à tour longuement plaidé pour le renvoi de l'audience, arguant que les conclusions de nombreuses parties civiles ne leur avaient pas été transmises à temps, accusation niée de l'autre côté du prétoire. Après une courte suspension, la présidente a rejeté la demande de renvoi et l'audience s'est poursuivie avec des questions de procédure.

afp/iar

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