A peine 43% des Américains interrogés se disaient satisfaits de la politique menée par Joe Biden le 17 novembre, selon des données agrégées par le site web américain FiveThirtyEight. C'est 10 points de moins que le 23 janvier, lors de son investiture, et c'est surtout beaucoup moins que ses prédécesseurs, à l'exception notable de Donald Trump.
Un bilan "assez positif"
"Joe Biden est au niveau de Donald Trump, ce qui paraît ahurissant", réagit Anne Deysine, professeure émérite à l'Université de Paris-Nanterre, interrogée dans l'émission Géopolitis de la RTS. Pour elle, la faible popularité de Joe Biden" est le produit de la désinformation" de toute une partie des médias de droite. Résultat: alors que son bilan est "assez positif", le public ne retient que ce qui ne va pas, en particulier la sortie chaotique d'Afghanistan.
Depuis son arrivée au pouvoir, Joe Biden a réussi à faire vacciner près de 60% de la population pour enrayer le Covid. Il a aussi lancé deux plans d'investissements ambitieux, dont le premier, qui prévoit 1200 milliards de dollars pour les infrastructures, a finalement été voté au Congrès le 5 novembre. Le second, baptisé "Build Back Better", devrait être examiné par la Chambre des représentants cette semaine.
Pour mettre toutes les chances de son côté, Joe Biden a déjà raboté les montants prévus de près de moitié, à 1750 milliards de dollars. De quoi rallier Joe Manchin, le sénateur le plus à droite du Parti démocrate, mais faire bondir l'aile gauche. En réaction, Alexandria Ocasio-Cortez, très remarquée dans sa robe "Taxez les riches", a refusé de voter le plan sur les infrastructures.
L'influence de Donald Trump
"Bien sûr, les démocrates sont divisés, mais il faut bien voir que les difficultés de Joe Biden sont dues à l'obstruction systématique des républicains", rappelle Anne Deysine. "Certains républicains n'osent pas voter pour des projets objectivement bons pour le pays car ils sont soumis à la pression, au chantage de Donald Trump, au Sénat de Mitch Mc Connell et à la Chambre de Kevin McCarthy pour empêcher Biden de faire son programme très ambitieux", précise-t-elle.
Et cette spécialiste des Etats-Unis voit dans cette façon de fonctionner désormais banalisée un véritable danger pour les élections de mi-mandat de 2022 et, à plus long terme, pour la présidentielle de 2024. "Quand un républicain craint de perdre, il commence à dénoncer la fraude avant les résultats, comme l'avait fait Trump en 2020, et s'il perd, il va la dénoncer après", résume-t-elle.
Pour se faire respecter à l'étranger comme sur le plan intérieur, Joe Biden doit "faire en sorte que la démocratie ne soit pas détruite aux Etats-Unis", insiste Anne Deysine. Et donc, estime-t-elle, "faire adopter une loi sur le droit de vote qui empêche les républicains de faire n'importe quoi" et restaurer la confiance avec les alliés après l'annonce unilatérale du retrait d'Afghanistan.
Juliette Galeazzi, avec Jean-Philippe Schaller