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Le Premier ministre de retour au Soudan, la rue bouillonne toujours

Le Premier ministre Abdallah Hamdok, photographié ici à Khartoum le 21 août 2019. [Keystone - Mohamed Nureldin Abdallah]
Au Soudan, le Premier ministre retrouve son poste / La Matinale / 1 min. / le 22 novembre 2021
Le Premier ministre Abdallah Hamdok, écarté lors du d'Etat militaire au Soudan, a retrouvé dimanche son poste après un accord avec le général Abdel Fattah al-Burhane. L'entente n'a pas calmé les Soudanais qui ont continué à manifester par milliers contre le putsch.

Au palais présidentiel à Khartoum, Abdallah Hamdok et le général Burhane, auteur du coup d'Etat du 25 octobre, ont signé l'accord pour partager ensemble le pouvoir. Ils ont promis de remettre la transition vers la démocratie sur les rails.

Mais déjà, les organisations qui avaient mené la révolte de 2019 ayant mis fin à 30 ans de dictature militaro-islamiste d'Omar el-Béchir ont annoncé refuser "tout accord qui permettra aux putschistes de rester au sein d'une quelconque autorité de transition", selon les termes de l'Association des professionnels soudanais, fer de lance de la contestation de 2019.

Des cortèges de manifestants ont défilé dans plusieurs villes du pays, et la police a tiré des grenades lacrymogènes sur les protestataires devant le palais présidentiel à Khartoum, l'ancien palais de Béchir devenu siège des autorités de transition, et à Kassala (est).

Cette nouvelle mobilisation a lieu malgré la répression des manifestations qui a fait 40 morts et des centaines de blessés depuis le putsch, selon des médecins.

Après la signature solennelle et lors de sa première apparition publique depuis le putsch, Abdallah Hamdok a promis dans une courte allocution de "faire cesser avant toute chose l'effusion de sang au Soudan".

Autres ministres bientôt libérés

Le général Burhane, lui, l'a "remercié pour sa patience", alors que Abdallah Hamdok n'a retrouvé que dimanche matin sa liberté de mouvement après environ un mois de résidence surveillée. En vertu de l'accord, les ministres et dirigeants civils arrêtés le 25 octobre seront aussi libérés, à une daté non précisée.

Les manifestants, eux, continuent à dire "Non au pouvoir militaire" et "Burhane dégage", malgré le retour à des autorités de transition civilo-militaires. Ils sont sortis par milliers à Khartoum et dans sa banlieue, à Port-Soudan et Kassala (est) ou encore à Atbara (nord), dans un pays quasiment en continu sous la férule de l'armée depuis son indépendance il y a 65 ans.

Depuis le putsch, ambassadeurs occidentaux, négociateurs onusiens ou africains et personnalités de la société civile soudanaise avaient multiplié les rencontres avec civils et militaires pour relancer une transition censée mener le pays vers des élections libres en 2023 après le renversement de Béchir, écarté par l'armée sous la pression de la rue.

Mais comme au premier jour du putsch, les Forces de la liberté et du changement (FLC), principal bloc pro-civils au Soudan dont le général Burhane a fait effacer toute mention des textes encadrant la transition, ont immédiatement rejeté l'accord.

ats/vkiss

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Coup d'Etat et répression

Le 25 octobre, le général Burhane, chef de l'armée, a rebattu les cartes d'une transition chancelante au Soudan. Il a fait arrêter la quasi-totalité des civils au sein du pouvoir, mis un point final à l'union sacrée formée par civils et militaires et décrété l'état d'urgence.

La foule dans les rues de Khartoum, le 30 octobre 2021, pour protester contre le coup d'Etat militaire au Soudan. [AFP]
La foule dans les rues de Khartoum, le 30 octobre 2021, pour protester contre le coup d'Etat militaire au Soudan. [AFP]

Il avait détenu puis placé en résidence surveillée à Khartoum Abdallah Hamdok, qui dirigeait le gouvernement de transition.

Depuis le coup d'Etat, des protestations contre l'armée et appelant au retour du pouvoir civil ont eu lieu principalement à Khartoum. Elles ont souvent été réprimées par les forces de sécurité faisant au moins 40 morts parmi les civils, en grande majorité des manifestants, et des centaines de blessés, selon un syndicat de médecins pro-démocratie.

Samedi, des centaines de manifestants avaient encore défilé à Khartoum-Nord, une banlieue de la capitale, érigé des barricades dans les rues et mis le feu à des pneus.

La communauté internationale a dénoncé la répression et appelé à un retour du pouvoir civil.