Sébastien Chadaud-Pétronin estime que sa mère, ex-otage de retour au Mali, ne prend pas "le moindre risque"
Sophie Pétronin, humanitaire française, avait été enlevée en décembre 2016 à Gao au Mali, avant d'être libérée en octobre 2020. En novembre 2021, son retour volontaire au Mali a provoqué de vives réactions du gouvernement français, qui a dénoncé une "forme d'irresponsabilité" vis-à-vis de "sa sécurité", mais aussi, vis-à-vis "de la sécurité de nos militaires".
Invité dans l'émission Mise au point, le fils de Sophie Pétronin, Sébastien Chadaud-Petronin, qui l'a accompagnée lors de son voyage de retour au Mali, estime que la démarche de sa mère est tout à fait responsable: "Je n'ai pas l'impression qu'elle prenne le moindre risque. Elle vit à Bamako comme 8000 Français, avec en plus tout un protocole de sécurité. Elle est discrète, elle n'embête personne, elle ne sort pas de son appartement, donc je pense qu'on peut la laisser terminer sa vie comme elle a envie de le faire."
"Pas d'attentat ni d'enlèvement" à Bamako
Et de préciser que la situation dans la capitale est plus sûre qu'ailleurs dans le pays: "Si elle était retournée en zone rouge, en zone de guerre, moi-même j'aurais participé à ces critiques, parce que je n'aurais pas compris, et j'aurais même trouvé ça choquant et indécent. Mais les autorités françaises ont fait un amalgame entre la zone de conflit et Bamako [...] où il n'y a aucun problème d'enlèvements ou d'attentats depuis pas mal d'années."
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Sébastien Chadaud-Pétronin répond aussi aux critiques qui accusent sa mère de manquer de respect aux efforts consentis pour sa libération: "Ma mère n'a pas été échangée à l'aide de djihadistes et encore moins à l'aide d'une rançon. Cela s'est fait dans un processus global de libération qui incluait aussi un Premier ministre et deux otages italiens. Je crois que ce sont les Maliens qui étaient aux commandes de cette opération et non les Français, et je ne pense pas qu'aucun contribuable français ait participé à sa libération."
La Suisse, "une prison dorée"
Finalement, le Neuchâtelois explique que sa mère n'était tout simplement pas heureuse chez lui en Suisse, où elle vivait depuis sa libération. "L'objectif était qu'elle puisse retrouver une vie normale. Son choix était de retourner à Bamako, pour y retrouver sa fille [adoptive, ndlr], elle était malheureuse chez moi à Neuchâtel. On a essayé de tout faire pour qu'elle puisse retrouver la joie de vivre, mais ça n'a pas suffi."
"En Suisse, elle était dans une prison dorée. Elle était malheureuse. Je ne l'ai pas emmenée du jour au lendemain, ça a été douloureux pour moi de le faire. Mais l'objectif était qu'elle puisse retrouver la joie de vivre." Son fils conclut en rappelant que sa mère mérite que son choix soit respecté: "Il faut quand même rappeler qu'elle a sauvé des centaines d'enfants. "
Propos recueillis par Sébastien Faure
Version web: Antoine Schaub avec ats