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Le Chili élit son président dans le cadre d'un scrutin très indécis

Un bureau de vote à Santiago au Chili. [AP Photo/Keystone - Esteban Felix]
Le premier tour de la présidence a lieu dimanche au Chili / Le 12h30 / 2 min. / le 21 novembre 2021
Les Chiliens et Chiliennes votent dimanche pour élire leur nouveau président dans le cadre d'un scrutin très indécis avec deux candidats à l'opposé de l'échiquier politique qui pourraient se qualifier pour le second tour.

Par une journée particulièrement chaude du printemps austral, les électeurs s'alignaient en longues files d'attente devant les bureaux de vote dans la capitale du Chili, à Santiago. L'affluence était également importante dans les autres grandes villes du pays. Les bureaux de vote ont fermé à 18 heures (heure locale), mais de nombreuses files d'attente étaient encore visibles à l'heure de la fermeture. Les résultats sont attendus dans la soirée.

Une grande file d'attente dans le centre-ville de Santiago pour aller voter pour les élections générales au Chili, le 21 novembre 2021. [AFP - Cris Saavedra Vogel / Anadolu Agency]
Une grande file d'attente dans le centre-ville de Santiago pour aller voter pour les élections générales au Chili, le 21 novembre 2021. [AFP - Cris Saavedra Vogel / Anadolu Agency]

Quelque 15 millions d'électeurs, sur une population de 19 millions, sont appelés aux urnes pour départager sept candidats à la présidence, renouveler la totalité de la Chambre des députés, la moitié du Sénat, ainsi que les conseils régionaux.

Crédités d'environ un quart des intentions de vote par les derniers sondages, les deux favoris du premier tour se situent en dehors des coalitions de droite et de centre gauche qui ont gouverné le pays depuis la fin de la dictature d'Augusto Pinochet au début des années 90. Ils ont des programmes totalement opposés.

D'un côté, Gabriel Boric, ancien leader étudiant de 35 ans et candidat de la coalition de gauche "Apruebo dignidad" qui comprend notamment les communistes. De l'autre, José Antonio Kast, avocat de 55 ans et chef du mouvement d'extrême droite Parti républicain, qui surfe sur l'impopularité du président sortant, le conservateur Sebastian Piñera.

>> Notre grand format sur les enjeux de cette élection : Une élection capitale pour la transformation du Chili

Une forte mobilisation des jeunes

Le vote intervient deux ans après une crise sociale inédite dans le pays sud-américain pour réclamer une société moins inégalitaire. La contestation, qui s'est parfois accompagnée au fil des semaines de violences et de pillages, a fait une trentaine de morts et des centaines de blessés.

Le candidat Gabriel Boric, du parti Apruebo Dignidad, vote lors des élections présidentielles, à Punta Arenas, dans le sud du Chili, le 21 novembre 2021. [AFP - Claudio Reyes]
Le candidat Gabriel Boric, du parti Apruebo Dignidad, vote lors des élections présidentielles, à Punta Arenas, dans le sud du Chili, le 21 novembre 2021. [AFP - Claudio Reyes]

Au Chili, le vote n'est plus obligatoire depuis 2012 et la participation électorale est généralement faible, notamment chez les jeunes. Mais ces derniers se sont fortement mobilisés dans la rue depuis le soulèvement de fin 2019. En octobre 2020, pour le référendum sur un changement de Constitution, finalement plébiscité à 79%, ils avaient participé en nombre. Ils étaient à nouveau bien visibles dimanche devant les bureaux de vote.

"Nous devons voter, le pays a besoin de changements, nous en avons assez des mêmes politiciens", a déclaré un étudiant de 24 ans. "Nous faisons la queue depuis plus d'une heure, ce n'est pas normal, nous voulons voter, assez de ce Chili", s'impatientait une jeune de 19 ans.

Cette participation des jeunes pourrait favoriser Gabriel Boric qui, à 35 ans, est le plus jeune candidat à la présidence de l'histoire du Chili. Le jeune député promet un modèle d'Etat-providence et de garantir les droits sociaux à l'éducation et la santé.

"Que l'espoir l'emporte sur la peur", a pour sa part lancé Gabriel Boric, en votant dans sa ville natale de Punta Arenas, à l'extrême sud du pays. "Nous représentons le processus de changement et de transformation qui arrive.

Une élection fondamentale

De son côté, José Antonio Kast, qui pourrait l'affronter au second tour du 19 décembre, veut maintenir le modèle néolibéral hérité de la dictature de Pinochet et promet d'imposer "l'ordre, la sécurité et la liberté". "L'essentiel [est que] beaucoup de gens puissent se rendre aux urnes et que chacun puisse s'exprimer librement", a-t-il déclaré après avoir voté à Paine, à 37 kilomètres au sud de Santiago.

Juste derrière les deux favoris se trouvent deux anciens ministres, la démocrate-chrétienne de centre gauche Yasna Provoste et le libéral de droite Sebastian Sichel.

"Toutes les opinions comptent. Venez voter", avait exhorté dès l'ouverture des bureaux de vote le président Piñera, qui après deux mandats ne peut pas se représenter.

Le pays est également en plein processus de rédaction d'une nouvelle Consitution. Le texte, qui pourrait revoir les prérogatives du président et du Parlement, sera soumis aux Chiliens et Chiliennes par référendum au cours du mandat à venir. "Ce sont les dernières élections de l'ancien cycle et elles pourraient avoir une issue différente de ce que nous avons eu" jusqu'à présent, estime Raul Elgueta, politologue à l'Université de Santiago.

afp/iar

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