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Après la Guadeloupe, les violences dues à la crise sanitaire gagnent la Martinique

Débordements en Guadeloupe et en Martinique dus à la situation sanitaire et à une crise sociale explosive.
Débordements en Guadeloupe et en Martinique dus à la situation sanitaire et à une crise sociale explosive. / 12h45 / 1 min. / le 23 novembre 2021
Le gouvernement français a affiché sa fermeté mardi face aux violences qui se poursuivent en Guadeloupe malgré les renforts de forces de l'ordre. Et il surveille désormais une possible contagion à la Martinique voisine, où des policiers et des pompiers ont été visés par des tirs.

La Guadeloupe, où un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté et où le chômage est haut (19%), est secouée depuis plusieurs jours par un mouvement ayant pour origine la contestation de l'obligation vaccinale des soignants, qui a dégénéré en crise sociale émaillée de nombreuses violences avec barricades, pillages et incendies.

Cela fait huit jours qu’une vive contestation sociale traverse l’île. Une grève générale a été lancée par les syndicats guadeloupéens contre le pass sanitaire et contre l’obligation vaccinale pour les soignants qui est en vigueur en France.

"La situation est toujours très difficile" en Guadeloupe, a déclaré sur France Inter mardi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. "Ce qui est certain, c'est que le rétablissement de l'ordre public est le préalable à toute discussion évidemment", a-t-il tonné.

Création d'une instance de dialogue

Face à ces violences, la première réponse de la France a d'abord été sécuritaire. Quelque 2200 policiers et gendarmes ont été envoyés en renfort en Guadeloupe, dont des membres de l’unité d’élite du GIGN. Mais pour tenter d’apaiser la situation dans les hôpitaux, le ministre français de la Santé a imaginé une solution de substitution: les soignants hostiles aux vaccins à ARN messager pourraient recourir à un vaccin classique s’ils le souhaitent.

En outre, un réunion par visioconférence lundi à Matignon autour de Jean Castex, à l'isolement après avoir été testé positif au Covid-19, a débouché sur la création d'une "instance de dialogue" afin, selon le Premier ministre, de "convaincre et d'accompagner individuellement, humainement", les professionnels concernés par l'obligation vaccinale.

Une décision qui n'a toutefois pas convaincu en Guadeloupe où les syndicats à l'origine de la mobilisation ont déploré ne pas être associés à l'initiative. "Bien sûr qu'on continue la mobilisation. On n'attendait pas grand chose de Castex et du gouvernement Macron, donc on n'est pas déçus" du résultat de la réunion d'hier, indique un membre du collectif qui a appelé à la grève générale.

>> Le sujet de La Matinale sur la situation en Guadeloupe :

Zoom (vidéo) - Graves tensions en Guadeloupe sur fond de rejet du vaccin
Zoom (vidéo) - Graves tensions en Guadeloupe sur fond de rejet du vaccin / L'éclairage d'actualité / 2 min. / le 24 novembre 2021

Violences aussi en Martinique

La grogne a maintenant gagné la Martinique où une grève générale a débuté lundi, une semaine après celle lancée en Guadeloupe. Des forces de l'ordre et des pompiers ont à leur tour et à plusieurs reprises été pris pour cible par des tirs d'arme à feu dans la nuit de lundi à mardi à Fort-de-France. Aucun blessé n'est à déplorer. Mais d'importants barrages bloquent les principaux axes routiers de Martinique.

L'intersyndicale à l'origine de cette grève générale a toutefois appelé à la levée des barrages, a annoncé Bertrand Cambusy, secrétaire général de la CSTM. Cet appel ne garantit toutefois pas que tous les barrages routiers soient levés rapidement, et que les heurts cessent, certains d'entre-eux étant tenus par des personnes non syndiquées.

afp/fgn

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Une vieille défiance des Antillais contre la France

La défiance des Antillais contre les décisions prises depuis Paris est née bien avant le Covid-19. 

Le scandale de la chlordécone est dans toutes les mémoires. Ce pesticide utilisé dans les bananeraies en Guadeloupe et Martinique dans les années 1970-1980 pollue encore les sols.

Des traces de ce produit ont été détectées dans le sang de près de 90% de la population sur place, ce qui aurait comme conséquence l'apparition encore aujourd'hui de nombreux cancers.

Et il y a également l’accès à l’eau potable qui est aussi une revendication de la société civile dans ces territoires d'outre-mer.

Aujourd'hui, cette défiance se cristallise sur la politique sanitaire. Les chiffres le démontrent: la Guadeloupe compte 36% de vaccinés complets contre 70% sur l’ensemble du territoire français.

En raison des suspensions pour refus de la vaccination, une partie du personnel soignant manque par conséquent à l’appel. Les syndicats locaux à la manoeuvre sont suivis par une partie de la population.