Un document interne des services de sécurité de l'ONU, daté de lundi et consulté mardi par l'AFP, demande à l'organisation de "coordonner l'évacuation et d'assurer que tous les membres éligibles des familles du personnel recruté à l'étranger quittent l'Ethiopie au plus tard le 25 novembre 2021."
Ressortissants français appelés à partir
Parallèlement, "tous les ressortissants français sont formellement appelés à quitter le pays sans délai", affirme l'ambassade de France à Addis Abeba dans un courriel envoyé aux membres de la communauté française, emboîtant le pas à plusieurs autres pays dont le Royaume-Uni et les Etats-Unis.
Fin octobre, le Front de libération du Tigré (TPLF) a revendiqué la prise de deux villes-clés en Amhara, se rapprochant ainsi de la capitale - ce qu'avait démenti le gouvernement éthiopien. Le TPLF, qui s'est allié avec un groupe rebelle oromo actif dans la région qui entoure la capitale, a affirmé cette semaine se trouver à Shewa Robit, à 220 km au nord-est d'Addis Abeba.
Communauté internationale inquiète
Le gouvernement n'a pas commenté cette information. Mais lundi, Le Premier ministre Abiy Ahmed a dit vouloir aller sur le front pour diriger les soldats affrontant les rebelles.
"A partir de demain, je serai mobilisé sur le front pour mener les forces armées", a déclaré le Premier ministre dans un communiqué posté sur Twitter. "Ceux qui veulent être parmi les enfants éthiopiens qui seront salués par l'histoire, levez-vous pour le pays aujourd'hui. Retrouvons-nous au front".
Cette déclaration ne devrait pas rassurer la communauté internationale, qui a ces dernières semaines intensifié ses efforts diplomatiques pour tenter d'obtenir un accord de cessez-le-feu. Mardi, les chefs d'Etat sud-africain et kényan, ont notamment réitéré l'appel à un cessez-le-feu lors d'une rencontre à Pretoria. Ce mercredi, la France a appelé à l'instauration d'un cessez-le-feu et d'un "dialogue politique" entre belligérants en Ethiopie.
De son côté, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a récemment averti des risques "d'implosion" de l'Ethiopie si aucune solution politique n'est trouvée.
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afp/fgn
"Les jours du Premier ministre éthiopien sont très certainement comptés"
Pour Mehdi Labzaé, sociologue au Centre français d’études éthiopiennes à Addis Abeba, le régime en place pourrait tomber dans les jours qui viennent, mais il pourrait aussi tenir.
"Les jours du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed sont très certainement comptés, même si on ne peut pas l’affirmer avec assurance", a-t-il indiqué mercredi au micro du 12h30. Quoi qu'il en soit, même si Abiy Ahmed tombait, la crise politique serait loin d'être résolue.
Mehdi Labzaé pense que des actes génocidaires ont certainement déjà été commis. Pour lui, la communauté internationale aurait dû mettre la pression plus tôt pour l'éviter. "La communauté internationale a systématiquement retardé ses condamnations d’Abiy Ahmed, car elle a mis toutes ses billes sur ce nouveau Premier ministre qui était présenté comme réformateur."
L'existence même de l'Ethiopie est-elle en jeu? Mehdi Labzaé ne peut pas l'exclure. "L'éclatement de l’Ethiopie est déjà peut-être en cours. On peut penser que si les populations du Tigré pouvaient voter demain, elles voteraient pour l’indépendance. La forme actuelle de l’Ethiopie n’est pas acquise."