Ghislaine Maxwell, la fille du magnat de la presse Robert Maxwell, est en prison aux Etats-Unis depuis l'été 2020 et encourt la réclusion à perpétuité au terme de débats qui doivent durer six semaines. Elle est décrite par le FBI et les procureurs comme une "scélérate" cultivant l'art de la "manipulation".
Cette femme de 59 ans est soupçonnée d'avoir joué le rôle de "rabatteuse", d'avoir recruté entre 1994 et 2004 des jeunes filles mineures exploitées sexuellement pour Jeffrey Epstein, avec lequel elle a entretenu pendant près de trente ans une relation amoureuse, amicale et professionnelle jusqu'à ce qu'il soit incarcéré et se suicide en prison en 2019.
La Franco-Américano-Britannique se dit innocente et plaide non coupable des six chefs d'inculpation. Elle ne devrait pas s'exprimer à l'audience.
En prison depuis 500 jours déjà
Pour sa défense, Ghislaine Maxwell, qui a vécu et grandi dans des milieux hyper-privilégiés, se plaint depuis dix-huit mois de ses conditions de détention dans une prison de Brooklyn. Elle a dénoncé mi-novembre via ses avocats dans le journal britannique Mail on Sunday des "agressions depuis un an et demi", le fait d'être privée de sommeil et de n'avoir que de la "nourriture avariée".
Ses frères et soeurs ont même saisi le 22 novembre à Genève des experts du groupe de travail de l'ONU sur la détention arbitraire pour dénoncer "de graves violations des droits de la défense" et "des traitements indignes et dégradants" que leur sœur subirait en prison, "où elle est détenue à l'isolement depuis 500 jours de façon injustifiée".
De son côté, l'accusation se fonde sur quatre plaignantes anonymes – dont deux n'avaient que 14 et 15 ans – qui racontent avoir été approchées par des "rabatteuses", dont Ghislaine Maxwell, près de leur école ou à leur travail.
Puis, après le cinéma et le shopping "entre copines", les jeunes filles étaient persuadées, pour quelques centaines de dollars, de venir faire un massage, présenté comme non sexuel, à un puissant New-Yorkais prêt à faire décoller leur carrière.
D'après les procureurs, l'accusée aurait également participé aux agressions sexuelles avec son compagnon, soit chez elle à Londres, soit chez lui à Manhattan, en Floride et au Nouveau-Mexique.
L'ombre de Jeffrey Epstein et celle du Prince Andrew
L'ombre de Jeffrey Epstein sera évidemment omniprésente, plus de deux ans après son suicide qui a privé ses victimes d'un procès. Le milliardaire avait bien été condamné en Floride en 2008 pour avoir payé des jeunes filles pour des massages. Mais il n'avait fait que 13 mois de prison à la suite d'un accord confidentiel avec le procureur de l'époque.
Une autre ombre planera sur le procès Maxwell: celle du prince britannique Andrew, un proche d'Epstein, cible depuis août d'une plainte distincte pour "agressions sexuelles" déposée par une Américaine, Virginia Giuffre.
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Cette plainte devrait être examinée fin 2022 devant un tribunal civil à New York, même si le second fils de la reine Elizabeth II n'est pas poursuivi au pénal et nie ces faits qui se seraient déroulés entre 2000 et 2002, lorsque Virginia Giuffre était mineure.
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Parjure
Après son procès, Ghislaine Maxwell devrait aussi être jugée pour parjure pour avoir témoigné en 2016 lors d'une procédure qu'elle avait engagée pour diffamation contre Virginia Giuffre, laquelle l'accuse d'avoir joué l'entremetteuse pour le prince Andrew.
D'autres noms pourraient être cités: les anciens présidents américains Bill Clinton et Donald Trump, en raison de leur présence à des fêtes new-yorkaises, et l'ex-agent français de mannequins Jean-Luc Brunel, ami d'Epstein, inculpé et écroué à Paris en décembre 2020 pour viols et agressions sexuelles.
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La défense devrait plaider que les crimes présumés remontent à plus de vingt ans – une psychologue éclairera le tribunal sur le phénomène des "faux souvenirs" – et surtout que Ghislaine Maxwell est jugée en lieu et place du principal protagoniste.
afp/sjaq