Les neuf sages, dont six conservateurs, se sont penchés mercredi sur une loi adoptée en 2018 par cet Etat du Sud, qui interdit les avortements après quinze semaines de grossesse. La Cour suprême devrait rendre sa décision au printemps prochain.
Reflétant les énormes enjeux du dossier, des manifestants ont afflué dès le petit matin par centaines devant le temple du droit américain, où ils ont formé deux groupes rivaux dans une ambiance électrique.
Grands espoirs des anti-avortement
Derrière des pancartes "Avorter, c'est tuer" ou "Dieu déteste les mains qui répandent du sang innocent", les opposants aux interruptions de grossesse affichaient de grands espoirs d'obtenir, après 50 ans de lutte, la fin de l'arrêt "Roe v. Wade".
Dans cette décision emblématique de 1973, la Cour suprême a estimé que la Constitution garantissait le droit des femmes à avorter et que les Etats ne pouvaient pas les en priver. Elle a ensuite précisé qu'il était valable tant que le foetus n'est pas "viable", soit vers 22 à 24 semaines de grossesse.
Une majorité des juges de la Cour suprême des Etats-Unis a semblé mercredi tentée de modifier le cadre légal qui, depuis près de 50 ans, garantit le droit des Américaines à avorter. Cela soit en le restreignant, soit en l'annulant purement et simplement.
Les neuf sages, dont six conservateurs, ont examiné pendant deux heures une loi du Mississippi qui interdit d'avorter après 15 semaines de grossesse. Bien que mesuré, le texte viole le cadre fixé par la Cour suprême.
La loi a donc été bloquée par les tribunaux avant d'entrer en vigueur, mais les autorités de cet Etat rural et religieux ont demandé à la Cour suprême d'intervenir. En acceptant leur recours, la haute juridiction a indiqué qu'elle était prête à revoir sa copie. Le Mississippi lui demande aujourd'hui d'aller plus loin et d'annuler tout bonnement son arrêt de 1973.
Soutien républicain et catholique
Tous les échelons du parti républicain ont apporté leur soutien à la procureure général de l'Etat du Mississippi, Lynn Fitch, ainsi que l'Eglise catholique et de nombreuses associations anti-avortement, dont certaines ont dépensé des millions de dollars en campagnes publicitaires avant l'audience.
Les opposants à l'avortement sont galvanisés par l'arrivée à la Cour suprême de trois juges nommés par l'ex-président Donald Trump, qui ont renforcé sa majorité conservatrice.
De l'autre côté, les défenseurs du droit des femmes à avorter serrent les rangs. Des associations médicales, féministes ou des droits civiques ont écrit à la Cour pour lui demander d'invalider la loi du Mississippi, tout comme des centaines d'élus démocrates ou encore 500 athlètes de haut niveau dont la footballeuse Megan Rapinoe.
afp/jpr