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Vers un accord à l'OMS pour mieux anticiper les futures pandémies

Tedros Adhanom Ghebreyesus lors de la session spéciale de l'OMS à Genève, 29.11.2021. [OMS/AFP - Christopher Black]
Les membres de l'OMS vont négocier un nouvel accord international sur les pandémies / La Matinale / 53 sec. / le 2 décembre 2021
La communauté internationale va négocier un accord pour anticiper les prochaines pandémies. Les Etats membres de l'OMS ont décidé mercredi à Genève d'ouvrir les discussions avant mars prochain, pour aboutir d'ici 2024. Mais la portée de l'arrangement est encore incertaine.

Dans leur décision, approuvée par consensus au terme de trois jours d'une session spéciale de l'Assemblée mondiale de la santé, les 194 membres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), dont la Suisse, ont établi un groupe intergouvernemental de négociation. Celui-ci devra rendre un rapport intermédiaire en mai 2023, un an avant le délai prévu pour finaliser l'arrangement.

Les Etats souhaitent une "convention, un accord ou un autre instrument juridique international" pour mieux préparer et répondre aux pandémies. Face aux nombreuses critiques sur la réponse internationale à la pandémie de coronavirus, l'UE avait porté la proposition de nouvel arrangement. Mercredi, elle a estimé que "ce succès est aussi important pour l'OMS", égratignée par certains.

"Un accord ne résoudra pas tout"

"C'est un jour important pour la santé mondiale", a dit à la presse le directeur général de l'organisation Tedros Adhanom Ghebreyesus. Ce prochain dispositif doit permettre d'éviter la désorganisation observée face au coronavirus. Et limiter les effets des pandémies pour les populations actuelles et les générations futures. Mais un accord "ne résoudra pas tous les problèmes", a-t-il souligné.

De même, le délai jusqu'en 2024 "est long". Mais les discussions ne seront pas faciles, affirme le directeur général, qui souhaite toutefois qu'un arrangement puisse être trouvé avant.

Eviter les ratés du début de la pandémie de Covid

Parmi ceux qui insistent sur la nécessité d'un accord mondial figure le Groupe indépendant pour la préparation et la réponse aux pandémies, qui examine comment l'OMS et les pays ont géré la crise sanitaire du Covid-19.

Invité jeudi de La Matinale de la RTS, l'un de ses membres, Michel Kazatchkine, a rappelé pourquoi une meilleure coordination était nécessaire.

"Notre panel indépendant avait constaté au départ de la pandémie, fin 2019-début 2020, tout un nombre de ratés dans la communication de l'information, dans la façon dont l'urgence sanitaire de santé publique internationale avait été déclarée, dans la façon dont les Etats ouvrent ou n'ouvrent pas leurs portes aux inspections indépendantes", a-t-il souligné. "Toutes ces questions-là vont être débattues."

Et sur la base des constats des faillites du début de la pandémie de Covid, il s'agira de proposer des améliorations dans le cadre d'un traité, sous une forme ou sous une autre. "Mais la question reste ouverte de savoir si ce traité sera contraignant pour les pays."

>> L'interview de Michel Kazatchkine dans La Matinale :

Michel Kazatchkine décrypte le projet de traité international sur les pandémies (vidéo)
Michel Kazatchkine décrypte le projet de traité international sur les pandémies (vidéo) / L'invité-e d'actualité / 7 min. / le 2 décembre 2021

Incertitude américaine et chinoise

En ouvrant la réunion de l'OMS à Genève, le conseiller fédéral Alain Berset avait appelé à oeuvrer à un accord contraignant. Mercredi, des dizaines d'Etats, dont la Suisse, ont salué une décision "historique" pour faire en sorte que l'impact du coronavirus "ne se répète pas" à l'avenir.

Mais des acteurs de taille laissent penser que les discussions seront intenses. Les Etats-Unis se sont affirmés réticents à un arrangement contraignant et la Chine parle plutôt de renforcer le Règlement sanitaire international. Pour autant, Washington a aussi salué une "décision historique".

C'est pourquoi, parmi beaucoup d'autres, le Groupe indépendant pour la préparation et la réponse aux pandémies appelle à réunir une assemblée générale extraordinaire des Nations unies, comme cela avait été le cas sur le sida en 2001, sur ebola en 2014 et sur la tuberculose en 2018: "Une réunion à New York au niveau des chefs d'Etat, où ils s'engageraient tous enfin à travailler ensemble", souligne Michel Kazatchkine.

oang avec afp

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Une demande de nombreuses ONG

L'ouverture de négociations avait été demandée par de nombreuses ONG et trois évaluations internationales mandatées par l'OMS sur la réponse à la pandémie.

Parmi celles-ci, le Panel indépendant, présidé par l'ancienne présidente du Liberia Ellen Johnson Sirleaf et l'ex-Première ministre néo-zélandaise Helen Clark, avait donné six mois aux Etats pour aboutir à une nouvelle convention.