En déconseillant d'utiliser le mot "Noël", un document interne européen crée la polémique
"Certains exemples fournis dans les recommandations sur la communication inclusive ont suscité des préoccupations", a expliqué la commissaire européenne à l'Egalité, en annonçant sur Twitter le retrait de ce document. Elle a ajouté que ses services travaillaient à "une version actualisée" de ces consignes, rédigées en anglais et destinées au personnel de la Commission pour leur communication, à la fois interne et externe.
"Au nom de l'inclusivité, la Commission européenne va jusqu'à annuler Noël", s'indignait dimanche le quotidien italien Il Giornale (droite). La Commission recommandait de ne pas "présupposer que tout le monde est chrétien" et d'éviter l'expression "la période de Noël" pour lui préférer "la période des vacances".
Le manuel de communication inclusive du programme européen d'échange d'étudiants et d'enseignants Erasmus, par exemple, fait la même recommandation: "Pour souhaiter 'joyeux Noël', utiliser plutôt "joyeuses fêtes', une salutation qui est plus ouverte et inclusive pour les personnes qui ne célèbrent pas Noël."
Recommandation fustigée par Marine Le Pen
"La Commission européenne veut bannir les mots 'fêtes de Noël' ou même 'Mesdames et Messieurs' car elle les juge 'discriminatoires'", a fustigé mardi sur Twitter la candidate du RN (extrême droite) à la présidentielle française, Marine Le Pen, dénonçant "ces technocrates (qui) montrent leur vrai visage: celui de l'ennemi de nos identités, de nos racines, de nos traditions".
Mardi, le cardinal Pietro Parolin, numéro 2 du Vatican, s'est également opposé à ce document dans une courte vidéo. Il y explique que ne pas respecter les différences de chacun, en voulant tout uniformiser, induit de nouvelles sources de discriminations, plutôt que de les résoudre.
L'hebdomadaire français Le Point s'était fait l'écho dès le 22 novembre de ce document interne qui préconise de bannir l'expression "mesdames et messieurs" au profit de "chers collègues", ainsi que les noms de métier au masculin comme "policeman" (policier) ou "workman" (ouvrier). Le journal épinglait un "lexique bien-pensant", "petit livre rouge de l'antisexime et de l'égalité en tout genre".
"Pas de quelconque valeur obligatoire"
La commissaire maltaise a expliqué que son "initiative" de rédiger des recommandations "visait à atteindre un objectif important: illustrer la diversité de la culture européenne et mettre en valeur la nature inclusive de la Commission européenne envers tous les milieux et toutes les convictions des citoyens européens". Elle a toutefois estimé que la version publiée ne répondait pas "à cet objectif de façon adéquate" et nécessitait d'être retravaillée.
Interrogé sur ce retrait et sur le caractère contraignant de ces instructions, le porte-parole de la Commission a précisé que "ce n'était pas du tout un document qui aurait eu une quelconque valeur obligatoire, mais des recommandations en matière de communication".
afp/vajo