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Silvio Berlusconi, 85 ans, lorgne la présidence de l'Italie

Zoom (vidéo) - Silvio Berlusconi vient de suspendre 2 talk-shows qui donnaient trop la parole aux anti-vaccins
Zoom (vidéo) - Silvio Berlusconi lorgne du côté de la présidence / L'éclairage d'actualité / 2 min. / le 2 décembre 2021
A 85 ans, Silvio Berlusconi aimerait bien s'installer dans le palais présidentiel italien. L'ancien président du Conseil tente de lisser son image et de modérer son propos pour accéder à ce poste avant tout représentatif, mais dont le rôle est aussi de jouer les pompiers en cas de crise.

On a connu Silvio Berlusconi comme magnat des médias ou dirigeant de football, on le sait milliardaire et séducteur, il a dirigé à plusieurs reprises le gouvernement italien, il a été condamné en justice et a dû effectuer des travaux d'intérêt général, il a été discrédité par des scandales sexuels et a été accusé de corruption et de clientélisme, on sait sa santé fragile après avoir notamment souffert du Covid-19 et il a été hospitalisé à plusieurs reprises.

A 85 ans, Silvio Berlusconi lorgne sur la présidence. [Keystone - EPA/Matteo Corner]
A 85 ans, Silvio Berlusconi lorgne sur la présidence. [Keystone - EPA/Matteo Corner]

Mais après cette longue carrière haute en couleur, l'infatigable politicien pourrait encore ajouter le poste de chef de l'Etat dans son CV. Il ne cache plus son ambition de remplacer Sergio Mattarella, qui va achever son mandat de sept ans, au palais présidentiel du Quirinal.

Quelques semaines avant un vote parlementaire qui se tiendra en janvier pour choisir le nouveau président, aucun candidat clair n'a émergé pour un rôle important en temps de crise. Et si d'aucun verrait bien l'actuel chef du gouvernement Mario Draghi prendre le poste, même si celui-ci n'a pas fait part de ses intentions, le "Cavaliere" abat ses cartes pour être choisi.

Soigner l'image médiatique

Silvio Berlusconi garde ainsi un oeil vigilant sur les programmes de ses chaînes de télévision. Il vient même de suspendre deux talk shows qui donnaient trop la parole aux anti-vaccins. Les observateurs politiques y voient une décision destinée à éviter toute polémique. Cela fait partie de la stratégie de Silvio Berlusconi pour lisser son image et tenir une position modérée raisonnable, celle d'un homme d'État compétent et capable de contenir l'extrême droite.

L'ancien chef du gouvernement estime que les anti-vaccins font peser un danger sur la santé publique et que cela pourrait avoir des répercussions sur la reprise économique. Il a d'ailleurs largement fait la promotion du vaccin contre le Covid-19 sur les réseaux sociaux.

Mais au-delà de ces aspects, il y a une volonté de se montrer plus institutionnel, plus européen, plus responsable et donc de prendre ses distances par rapport aux souverainistes, aux populistes et aux démagogues, que ce soit en politique ou à la télévision.

Une réputation écornée

Pour Silvio Berlusconi, accéder à la présidence serait une sorte de couronnement, mais aussi une revanche, lui qui a été chassé du gouvernement en pleine crise financière en 2011 puis qui a été déchu de son mandat de sénateur pour une affaire de corruption. Certains lui reprochent aussi encore les scandales sexuels du "Bunga Bunga".

Mais aujourd'hui, toutes ces casseroles sont un peu tombées dans l'oubli, même si le politicien est encore actuellement impliqué dans deux procès où il est accusé d'avoir payé des témoins pour qu'ils mentent sur ses soirées "Bunga Bunga".

Opération séduction

Reste que celui qui a été l'homme le plus riche du pays a encore des opposants farouches au sein de l'actuel Parlement, qui sera amené, avec des délégués régionaux, à choisir le nouveau chef de l'Etat.

Mais il a entrepris une opération séduction, notamment auprès des élus du Mouvement 5 étoiles, qui sont les plus nombreux au Parlement. Et ce alors qu'il avait décrit ce parti en 2018 comme étant un groupe si peu qualifié qu'il ne les engagerait même pas pour nettoyer ses toilettes. Il a par exemple loué certaines de leurs mesures et a fait l'éloge de Giuseppe Conte. Et ses maisons d'édition n'hésitent pas à publier les livres des responsables populistes qui étaient autrefois ses ennemis.

Cependant, même si une partie du centre droit pourrait le soutenir lors du vote, il semble loin d'être assuré d'obtenir une majorité. Franco Pavoncello, professeur de sciences politiques à l'Université John Cabot de Rome, a assuré à l'afp que la probabilité que Berlusconi soit élu était "faible". "Compte tenu de son âge et de ses antécédents, je pense que les gens à l'échelle internationale se poseraient des questions", a-t-il ajouté.

Sujet radio: Eric Joszef

Adaptation web: Frédéric Boillat avec afp

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Un rôle honorifique, mais aussi un pompier en cas de crise

En Italie, le président de la République assume un rôle essentiellement honorifique et représentatif. Il n'a que des pouvoirs politiques limités, mais il est le garant de l'unité nationale et du respect de la Constitution. Il se veut aussi neutre et au-dessus des partis politiques.

Le chef de l'Etat joue ainsi souvent les pompiers dans les situations de crise, fréquentes en Italie. Le président sortant Sergio Mattarella a d'ailleurs joué un rôle déterminant dans l'arrivée de Mario Draghi à la tête d'un gouvernement d'unité nationale en février, après l'effondrement de la coalition précédente.

Il revient aussi au président de nommer les membres du gouvernement et de dissoudre les chambres du Parlement. Il jouit également du droit de grâce.

Le chef de l'Etat est élu pour un mandat de sept ans par les deux chambres du Parlement, ainsi que par des délégués régionaux.