Sur les 736 élus du Bundestag issu du scrutin du 26 septembre, 395 ont voté pour Olaf Scholz, 303 contre et 6 se sont abstenus, lui permettant de devenir le neuvième chancelier de l'Allemagne d'après-guerre.
"Oui", a ensuite répondu Olaf Scholz à la présidente du Bundestag, Bärbel Bas, qui lui demandait s'il acceptait le résultat du vote. Le président de la République fédérale, Frank-Walter Steinmeier lui a ensuite remis son "acte de nomination", marquant ainsi le début officiel de son mandat. Il a ensuite prêté serment devant les députés.
Son élection ne faisait aucun doute: son Parti social-démocrate (SPD), arrivé en tête aux législatives, dispose d'une confortable majorité (206 sièges), avec ses deux nouveaux partenaires de coalition, les Verts (118 sièges) et les libéraux du FDP (92).
Ce vote marque le retrait d'Angela Merkel à l'issue de quatre mandats qui, à neuf jours près, ne lui auront pas permis de battre le record de longévité détenu par Helmut Kohl (1982-1998).
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Un gouvernement inédit
La dirigeante, qui a reçu des hommages en pagaille ces dernières semaines, quittera définitivement la chancellerie après une cérémonie de passation des pouvoirs avec Olaf Scholz, son adversaire politique, mais aussi, jeu des alliances oblige, son ministre des Finances et vice-chancelier ces quatre dernières années. Angela Merkel, au faîte de sa popularité il y a peu encore, met un terme à 31 ans de carrière politique dont 16 à diriger la première économie européenne.
Féministe convaincu, Olaf Scholz prendra à sa suite les rênes d'un gouvernement composé pour la première fois d'autant d'hommes que de femmes. Trois d'entre elles seront à la tête de ministères clés: les Affaires étrangères pour l'écologiste Annalena Baerbock, la Défense et l'Intérieur pour les deux sociales-démocrates Christine Lambrecht et Nancy Faeser.
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Le gouvernement sera aussi inédit dans sa composition politique. Il réunira en effet pour la première fois depuis les années 1950 trois partis: le SPD, les Verts et le Parti libéral-démocrate (FDP).
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Malgré des programmes électoraux parfois aux antipodes, ces trois formations sont parvenues rapidement à s'accorder sur un programme qui fait la part belle à la protection du climat, la rigueur budgétaire et l'Europe. Christian Lindner, le dirigeant des libéraux et parangon de l'austérité budgétaire, doit d'ailleurs prendre la tête du puissant ministère des Finances.
Des défis sanitaires
A peine installés dans leurs nouvelles fonctions, les ministres vont affronter une crise sanitaire d'une ampleur inégalée depuis l'apparition du Covid-19. La flambée épidémique a déjà poussé Berlin à un tour de vis drastique pour les non-vaccinés, bannis des restaurants, des lieux culturels et même, dans certaines régions comme Berlin, des magasins.
La stratégie du nouvel exécutif repose désormais sur une vaccination obligatoire souhaitée par Olaf Scholz et qui pourrait être adoptée en février ou mars alors que les hôpitaux sont sous tension, notamment en Saxe et en Bavière où la pandémie fait des ravages. L'ancien maire de Hambourg a d'ailleurs décidé de confier le portefeuille de la Santé à Karl Lauterbach, un médecin de formation et chantre de mesures restrictives.
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Le nouvel attelage risque toutefois de se heurter à la colère dans l'ex-RDA, région où l'extrême droite a ses fiefs et où une partie de la population se repaît de théories complotistes en rejetant la vaccination. Des échauffourées ont régulièrement lieu lors de rassemblements des opposants aux mesures restrictives.
Premières visites à l'étranger
Le nouveau gouvernement est également très attendu à l'international en pleins remous géopolitiques avec la Russie et la Chine. Olaf Scholz n'a pas commenté l'annonce par les Etats-Unis d'un "boycott diplomatique" des Jeux olympiques d'hiver de Pékin alors que la nouvelle cheffe de la diplomatie n'a pas exclu d'emboîter le pas de Washington.
Annalena Baerbock a également promis d'adopter un ton plus ferme que le gouvernement précédent à l'égard de Moscou au moment où la Russie masse des troupes et des moyens militaires importants aux frontières de l'Ukraine, faisant redouter une agression.
Comme le veut la tradition, Olaf Scholz réservera sa première visite au président français Emmanuel Macron qui devrait le recevoir vendredi. La nouvelle cheffe de la diplomatie, attendue dès jeudi à Paris, participera quant à elle à Liverpool ce week-end à une réunion des ministres des Affaires étrangères du G7.
afp/iar