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Des manifestations réprimées par des tirs de lacrymogènes au Soudan

De vastes manifestations au Soudan ce dimanche. [Keystone - AP Photo/Marwan Ali]
Des manifestations réprimées par des tirs de lacrymogènes au Soudan / Le Journal horaire / 18 sec. / le 19 décembre 2021
La police soudanaise a tiré dimanche des grenades lacrymogènes à Khartoum pour disperser les dizaines de milliers de personnes qui manifestaient leur opposition au régime militaire au pouvoir depuis le coup d'Etat du 25 octobre.

Opposés à ce qu'ils appellent l'"occupation" des militaires, les partisans d'un pouvoir civil avaient appelé à manifester dimanche contre l'armée, dont le plus haut gradé, le général Abdel Fattah al-Burhane, a mené le coup d'Etat qui a rétabli la prépondérance des militaires dans le pays.

La police anti-émeute a été déployée aux principaux carrefours de Khartoum, tandis que les autorités soudanaises ont fermé des ponts reliant le centre de la capitale à des banlieues de l'ouest et du nord. Toutes les routes entourant le quartier général de l'armée dans le centre-ville ont par ailleurs été fermées avec des barbelés et des blocs en béton.

"Nous sommes confrontés aujourd'hui à une régression majeure dans la marche de notre révolution qui menace la sécurité, l'unité et la stabilité du pays", a déclaré le Premier ministre civil Abdallah Hamdok, ajoutant que cela risquait de "mener l'Etat dans un abîme qui ne nous laissera ni patrie ni révolution".

De profondes divisions

"Le coup d'Etat a coupé la route à la transition démocratique: avec lui, les militaires ont pris le contrôle total de la vie politique et économique", affirme Achraf Abdelaziz, patron du quotidien indépendant "Al-Jarida".

L'armée a bien rétabli Abdallah Hamdok et promis des élections libres en juillet 2023, mais elle n'a toujours pas formé de gouvernement. En face, certains partisans du gouvernement civil accusent Abdallah Hamdok de "trahison", et peinent à émerger politiquement. Profondément divisés avant le coup d'Etat, ils continuent à ne pas s'entendre.

Le scénario du pire envisagé

Ces manifestations interviennent trois ans après le début de la "révolution" au Soudan qui a renversé Omar el-Béchir après 30 ans de dictature.

Après le coup d'Etat et une répression qui a depuis fait 45 morts et des centaines de blessés, les fers de lance de la "révolution" anti-Béchir veulent relancer leur mouvement, alors que le pays est englué dans une inflation à plus de 300%.

Au Soudan où, depuis des décennies, des conflits ont fait des centaines de milliers de morts, le scénario du pire pourrait déjà être enclenché, préviennent les observateurs. Selon des chiffres officiels de Khartoum, cinq millions d'armes sont aux mains de civils.

afp/jop

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