La plainte pour "homicide involontaire" et "omission de porter secours", révélée par le journal Le Monde et que l'AFP a pu consulter, a été déposée vendredi auprès de la procureure de Paris.
Elle vise directement le préfet maritime Philippe Dutrieux, le directeur du Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) Gris-Nez Marc Bonnafous, et la directrice des secours maritimes anglais Claire Hugues.
"Selon les témoignages des deux personnes rescapées, de proches de personnes décédées et de personnes ayant réussi la traversée le même jour, des appels de détresse auraient été portés aux services de secours français et anglais avant la découverte des corps par un bateau de pêche", a expliqué dans un communiqué Utopia 56. "Aucun secours ne leur aurait été immédiatement apporté", dénonce l'association.
Une trentaine de migrants à bord
Les corps de 27 migrants, dont dix-huit hommes, sept femmes, un adolescent de 16 ans et une enfant de 7 ans, en majorité des Kurdes irakiens, avaient été repêchés le 24 novembre dans la Manche. Deux hommes seulement, un Kurde irakien et un Soudanais, selon le ministère français de l'Intérieur, ont pu être secourus.
D'après le rescapé kurde irakien, 33 personnes se trouvaient à bord. Il avait rapporté à la chaîne kurde irakienne Rudaw que les migrants avaient téléphoné aux secours français et britanniques quand leur embarcation avait commencé à couler.
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Les secours n'avaient pas été déclenchés, français et anglais se renvoyant la responsabilité de l'intervention, avait assuré le rescapé. Ses propos ont été confirmés par le second rescapé, précise la plainte.
Des négligences "régulièrement" observées
Utopia 56 dénonce dans cette plainte "des négligences des services de secours en mer français et britanniques" que l'association constate "régulièrement". Elle souhaite qu'avec cette procédure, "toute la lumière soit faite sur les circonstances de ce naufrage". Elle déplore que l'enquête ouverte en France paraisse "se concentrer essentiellement sur le rôle des passeurs" et que le Royaume-Uni ne semble avoir lancé aucune investigation.
L'enquête pour "aide à l'entrée et au séjour irréguliers en bande organisée", "homicide et blessures involontaires" et "association de malfaiteurs" a été confiée vendredi à des juges d'instruction en France.
afp/iar