Après le boycott diplomatique décidé par plusieurs pays occidentaux dans le sillage des Etats-Unis, le porte-parole du gouvernement japonais a déclaré que le Japon n'avait "pas prévu d'envoyer de représentants du gouvernement" aux Jeux olympiques d'hiver qui auront lieu du 4 au 20 février.
"Le Japon estime qu'il est important que les valeurs communes partagées par la communauté internationale, telles que la liberté, les droits humains et l'Etat de droit soient également respectées en Chine", a-t-il affirmé. Il a toutefois évité de qualifier explicitement la décision de boycott. Il s'agit officiellement de limiter le nombre de personnes pour des raisons sanitaires.
La présidente du comité d'organisation des JO de Tokyo Seiko Hashimoto se rendra en revanche sur place "pour exprimer gratitude et respect aux athlètes et aux autres personnes qui ont soutenu les Jeux de Tokyo", a expliqué le porte-parole du gouvernement. Le président du comité olympique japonais Yasuhiro Yamashita sera également du voyage.
Un "mauvais coup" diplomatique
Le Japon dit avoir pris cette décision après "un examen approfondi" de la question, après que les annonces de boycott en décembre des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de l'Australie et du Canada, officiellement pour dénoncer des atteintes aux droits humains en Chine.
La Chine a prévenu ces quatre pays occidentaux qu'ils paieraient "le prix de leur mauvais coup", sans préciser quelles représailles étaient envisagées.
Selon des organisations de défense des droits humains, au moins un million de Ouïghours et d'autres minorités turcophones, principalement musulmanes, sont incarcérés dans des camps au Xinjiang. La Chine est accusée d'y stériliser de force les femmes et d'imposer un travail forcé.
Plusieurs observateurs internationaux ainsi que les Etats-Unis dénoncent "un génocide". Pékin affirme pour sa part que les camps sont en fait des "centres de formation professionnelle" pour lutter contre la radicalisation, et accuse les Etats-Unis d'utiliser la question des droits humains pour contrarier son développement économique et géopolitique.
afp/jop
Accusations de "politiser" le sport
Quelques heures après l'annonce japonaise, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a salué la venue du comité olympique japonais et des autres responsables ainsi que des athlètes japonais. Il a ajouté que la Chine "demande instamment à la partie japonaise d'honorer ses promesses de se soutenir mutuellement pour l'organisation des Jeux olympiques et de ne pas politiser le sport".
Le Japon, hôte des Jeux de Tokyo en 2021, se trouve dans une position diplomatique délicate entre les Etats-Unis et la Chine, deux partenaires commerciaux de première importance, et n'avait jusque là pas fait connaître sa position.
La Corée du Sud, un autre allié des Etats-Unis, a pour sa part annoncé en début de semaine dernière qu'elle ne boycotterait pas diplomatiquement les Jeux, invoquant la nécessité de continuer à coopérer avec la Chine.
De son côté, la Russie considère le "boycott diplomatique" comme une tentative de politiser les JO et a confirmé que le président Vladimir Poutine irait aux JO de Pékin.
Le Comité international olympique (CIO) a quant à lui invoqué sa "neutralité" sur la question, refusant de commenter des "décisions purement politiques" et se réjouissant surtout de l'absence de boycott sportif.