"Les chrétiens ont joué un rôle important dans la création du Pakistan et de nombreux chrétiens, hindous et sikhs ont décidé de rester dans le pays au moment de la partition avec l’Inde", déclarait le président pakistanais, Arif Alvi, lors d’une réunion avec les responsables religieux du pays le 21 décembre dernier.
Les conversions forcées sont courantes au Pakistan et sont même en forte augmentation. On estime que 1000 jeunes filles chrétiennes et hindoues sont victimes chaque année de ce phénomène.
Un prétexte à l'enlèvement de jeunes filles
Les conversions sont fréquemment des prétextes pour enlever des jeunes filles. Ensuite, leur prétendus maris les violent ou encore les prostituent. La police présente aux parents qui portent plainte un certificat de conversion signé par la victime et affirme ne rien pouvoir faire, la loi islamique autorisant le mariage des filles dès 13 ans.
En octobre 2020, Arzoo Raja, une catholique de 13 ans, a été enlevée devant chez elle. Son ravisseur, un voisin musulman de trente ans son aîné, l’a convertie de force à l’islam, puis l’a épousée devant un imam.
La police a finalement libéré l’adolescente un mois plus tard et l’a placée dans un foyer étatique. Le ravisseur a été inculpé pour mariage infantile et viol sur mineur, mais il a été libéré sur caution. Les parents de la jeune fille n’ont eu le droit de la récupérer qu’un an plus tard, le 22 décembre, après avoir promis de ne pas faire pression pour que leur fille redevienne chrétienne.
Une loi pour protéger les minorités
Une loi anti-conversions forcées, comme celle imaginée par le président, constitue un espoir pour les minorités du Pakistan. Dans ce pays où les non musulmans sont passés de 20% en 1947 à 3% en 2021, les minorités chrétiennes et hindoues sont les cibles privilégiées de ces enlèvements. Fixer à 18 ans la limite légale pour se convertir contribuerait à combattre ce phénomène.
Reste à voir si les paroles du président Arif Alvi seront réellement suivies d’effet. En octobre, un projet de loi similaire s’était heurté au veto du ministre des Affaires religieuses. Mais pour le dominicain pakistanais James Chanann, présent à la rencontre du 21 décembre avec le président, des réunions comme celle-ci "peuvent faire changer les mentalités au Pakistan".
Reportage de Christine Mo Costabella
Adaptation web: aps