Le mois de décembre correspond à la période de l'élagage autour de Valdobbiadene, dans le nord-est de l'Italie. "La route du vin blanc prosecco part précisément de Valdobbiandene et arrive jusqu'à Conegliano", à trente kilomètres de distance, explique Celestino Bernardi, un des 300 viticulteurs de la petite ville au nord de Trévise.
"Toutes les collines de la région sont transformées en vignobles. Autrefois, il y avait d'autres cultures, comme du maïs, mais depuis que le prosecco a explosé, la culture a changé et les revenus des entreprises aussi", poursuit-il, interrogé vendredi dans l'émission Tout un Monde.
Un climat propice
Anciennement, ce coin de Vénétie était une terre d'émigration relativement pauvre. Mais le vin blanc local et pétillant, qui tourne autour des 11 degrés, est devenu une manne économique et une marque mondiale.
Après être parti travailler pendant vingt ans à l'étranger, Celestino Bernardi est revenu dans son pays au début des années 90. Avec ses frères, il gère aujourd'hui une cave qui produit 500'000 bouteilles de prosecco par an.
"Le micro-climat est très important. L'amplitude thermique permet un maturation lente. Le raisin n'est pas cuit par une grosse chaleur et cela maintient l'arôme, les parfums et une acidité stable, ce qui est en substance la base d'un bon vin", explique le viticulteur.
Des exportations mondiales
"A partir des années 80, cela a été une série de succès et aujourd'hui il est exporté dans le monde entier. Personne n'imaginait cela. Les gens aiment le prosecco, un point c'est tout."
En chiffres, cette passion pour le prosecco, notamment poussée par un amour planétaire pour le Spritz, représente plus d'un demi-milliard de bouteilles vendues et un chiffre d'affaires de 2,4 milliards d'euros par an.
"Le prosecco comme on l'entend aujourd'hui est né en 2009 avec l'appellation d'origine contrôlée. Il était devenu nécessaire de protéger le succès du vin", rapporte Stefano Zanette, président du consortium qui réunit les producteurs installés entre la Vénétie et le Frioul, et notamment dans la petite ville de Prosecco.
"Si on part de la production de 150 millions de bouteilles en 2010, peu à peu, nous sommes arrivés l'an passé à dépasser les 500 millions de bouteilles", ajoute-t-il. La valeur du raisin a elle triplé en douze ans et la récolte annuelle part pour les trois quarts en exportation.
Un succès unanime
A Villa Sandi, principal producteur de prosecco, la mise en bouteille est incessante. "Il n'y a pas de consommateur type de prosecco. Tous consomment du prosecco: des jeunes, des moins jeunes, des hommes, des femmes", détaille Giancarlo Moretti Polegato, petit-fils du fondateur de l'entreprise viticole.
"Ce sont des bulles qui apportent de la convivialité pour un prix démocratique, ce n'est pas un produit de luxe. C'est tout cela qui explique le succès, auquel il faut ajouter le fait de l'avoir protégé et identifié comme un produit italien."
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Face à ce succès, certaines entreprises de production et de distribution ont radicalement transformé leur activité en quelques années. Pour l'entreprise Serena Wines, basée à Conegliano, le prosecco représente actuellement 85% de leur production, contre 10% il y a vingt ans.
Ce vin est désormais aussi une destination culturelle. En 2019, les collines de Valdobbiadene ont été classées patrimoine mondial de l'Unesco.
Reportage radio: Eric Jozsef
Adaptation web: Isabel Ares