Publié

En Amazonie, les Kayapos sont toujours plus menacés par le monde industriel

A 90 ans, le chef Raoni lance un appel aux dons pour venir en aide aux populations indigènes d'Amazonie face au coronavirus. [Guillaume Horcajuelo]
Les Kayapo, une tribu indigène d’Amazonie, appellent à l’aide / Tout un monde / 5 min. / le 31 décembre 2021
La forêt amazonienne est plus que jamais menacée par les activités industrielles. Et les Kayapos, qui vivent au coeur de cette jungle, voient chaque jour la déforestation menacer un peu plus son mode d'existence.

Les Kayapos, dont le représentant le plus célèbre est leur chef Raoni, vivent sur un territoire un peu plus grand que la Suisse au sud du fleuve Amazone. Mais leur réserve est désormais menacée, particulièrement sous le mandat du président brésilien Jaïr Bolsonaro.

"Le gouvernement actuel favorise les chercheurs d'or, les compagnies minières, les bûcherons, et ceux qui ont des activités illicites. Mais il ne fait rien pour les habitants de la forêt vierge et ceux qui la protègent", constatait en novembre dernier Doto Takak Ire, présent à Genève à l'invitation de la Fondation culturelle Musée Barbier-Mueller.

>>Lire: Le chef Raoni dénonce Bolsonaro pour "crimes contre l'humanité"

La culture traditionnelle subsiste malgré l'ouverture

Ainsi, du côté des Kayapos, la résistance s'organise tant bien que mal. Cela passe notamment par la création d'une association pour s'organiser et mieux se défendre contre une destruction de leur réserve. Car si certains, aux limites de la réserve, collaborent parfois avec le gouvernement, parce qu'ils pensent que c'est dans leur intérêt, la très grande majorité ne veut pas voir ce territoire envahi.

C'est l'avenir de leurs enfants qui est en jeu, et celui-ci passe également par une meilleure scolarisation, et par des études universitaires pour certains. En effet, les Kayapos ne sont plus coupés du monde, isolés dans leur forêt. Leur mode de vie s'est adapté, avec l'usage de vêtements modernes, des nouvelles technologies, et la diminution des cérémonies et parures traditionnelles.

Mais pour l'anthropologue belge Gustaaf Verswijver, qui a suivi leur évolution à travers des études de terrain de 1974 à aujourd'hui, il y a une permanence de la culture profonde. "Dans leurs villages, ils parlent toujours leur propre langue, pas le portugais. Ils ont de l'argent pour la ville, mais dans le village, les services entre eux ne se paient jamais en argent, c'est le système traditionnel. Visuellement il y a des choses qui changent, mais au fond la culture est toujours là", raconte-t-il.

Reportage radio: Patrick Chaboudez

Adaptation web: Pierrik Jordan

Publié