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La répression des journalistes en Egypte se fait de plus en plus forte

En Égypte, la répression du pouvoir se durcit contre la presse critique du pouvoir
En Égypte, la répression du pouvoir se durcit contre la presse critique du pouvoir / 19h30 / 2 min. / le 2 janvier 2022
En Egypte, la chasse aux journalistes qui osent critiquer le pouvoir et la censure des médias est devenue quotidienne depuis l’arrivée au pouvoir du président Abdel Fatah al-Sissi en 2013. La situation s'est encore détériorée ces dernières années.

Dans les rues du Caire, les portraits du président Abdel Fattah al-Sissi ont remplacé les slogans de la révolution de 2011. Depuis son arrivée au pouvoir il y a huit ans, le chef d'État égyptien mène une répression sans précédent contre l’opposition et les journalistes.

"Notre site est bloqué en Egypte depuis 2016", explique dans le 19h30 Adel Sabri, rédacteur en chef du journal indépendant Masr Al-Arabia. Le journaliste a été libéré en juillet après deux ans et demi de prison. Une enquête sur des soupçons de corruption lors des élections présidentielles l'a conduit derrière les barreaux.

"La prison m’a laissé un goût amer. L’Egypte n’est pas un pays fermé, ce n’est pas la Corée du Nord. Mais beaucoup de gens du régime voudraient laisser parler qu'une seule voix. Ils craignent qu'en nous laissant un espace de liberté, on en demande toujours plus", explique Adel Sabri.

Plus de 30 journalistes emprisonnés

Selon l’ONG Reporters sans frontières, 32 journalistes sont emprisonnés et plus de 500 sites d'information sont bloqués en Egypte. Seules la Chine et la Birmanie comptent plus de journalistes en prison.

De son côté, l’Observatoire du journalisme et des médias en Egypte dénonce l’arsenal de lois adoptées par le pouvoir pour museler le travail de la presse.

"L’Etat a adopté des lois qui censurent directement le travail des journalistes. Mais il détourne aussi des lois votées pendant l’état d’urgence contre les entités terroristes et la cybercriminalité pour les utiliser contre les médias", déplore Ashraf Abbas, directeur de l'observatoire.

Discrétion indispensable

Les journalistes qui veulent continuer à enquêter librement doivent rester discrets. Hassan*, l'un d'entre eux, explique qu'il utilisait ces dernières années un faux nom pour publier ses enquêtes. Par peur de représailles, il a finalement quitté les médias égyptiens pour travailler dans une agence de presse étrangère.

Aujourd'hui, sortir dans la rue et dire qu'on est journaliste, c’est du suicide

Hassan, journaliste égyptien

"Dès que je publiais un article ou une enquête, je faisais des cauchemars dans lesquels j’étais arrêté et je finissais en prison. Beaucoup de mes amis y sont passés. Aujourd'hui, sortir dans la rue et dire qu’on est journaliste, c’est du suicide", explique-t-il.

L’épidémie de coronavirus a porté un nouveau coup dur au droit d’informer en Egypte. En mars dernier, un journaliste a été arrêté pour avoir contesté les statistiques du gouvernement.

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Sujet TV: Olivia Comte

Adaptation web: Antoine Schaub

*Prénom d'emprunt

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