"Les non-vaccinés, j'ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu'au bout. C'est ça, la stratégie", a déclaré le chef de l'Etat qui s'entretenait avec sept lecteurs du quotidien Le Parisien.
A une question d'une lectrice soulignant que les non-vaccinés "occupent à 85% les réanimations", ce qui entraîne un report des opérations, Emmanuel Macron répond que cette remarque "est le meilleur argument" pour la stratégie du gouvernement et que, "en démocratie, le pire ennemi c'est le mensonge et la bêtise".
"Une toute petite minorité"
"La quasi-totalité des gens, plus de 90 %, ont adhéré" à la vaccination et "c'est une toute petite minorité qui est réfractaire", ajoute-t-il.
"Celle-là, comment on la réduit? On la réduit, pardon de le dire, comme ça, en l'emmerdant encore davantage. Moi, je ne suis pas pour emmerder les Français. Je peste toute la journée contre l'administration quand elle les bloque. Eh bien là, les non-vaccinés, j'ai très envie de les emmerder", poursuit-il.
"Je ne vais pas les mettre en prison, je ne vais pas les vacciner de force. Et donc, il faut leur dire: à partir du 15 janvier, vous ne pourrez plus aller au restau, vous ne pourrez plus prendre un canon, vous ne pourrez plus aller boire un café, vous ne pourrez plus aller au théâtre, vous ne pourrez plus aller au ciné...", explique le chef de l'Etat.
Réactions à la chaîne
Le candidat LFI à la présidentielle et député Jean-Luc Mélenchon a été l'un des premiers responsables à réagir à l'entretien au Parisien. "Le Président maîtrise-t-il ce qu'il dit? L'OMS dit "convaincre plutôt que contraindre". Et lui? "Emmerder davantage". Consternant", dénonce-t-il dans un tweet.
Pour Marine Le Pen, la candidate du RN, "un Président ne devrait pas dire ça. Le garant de l'unité de la nation s'obstine à la diviser et assume vouloir faire des non-vaccinés des citoyens de seconde zone. Emmanuel Macron est indigne de sa fonction".
"Président, j'arrêterai d'emmerder les Français. Le Président sortant, lui, parle ouvertement d'emmerder une catégorie de Français", a aussi immédiatement twitté l'autre candidat d'extrême droite Eric Zemmour.
Chez LR, Bruno Retailleau a estimé qu'aucune "urgence sanitaire ne justifie de tels mots. Emmanuel Macron dit avoir appris à aimer les Français, il aime surtout les mépriser. On peut encourager à la vaccination sans insulter personne ni pousser à la radicalisation", a-t-il affirmé.
fgn avec les agences
Emmanuel Macron a "envie" d'être candidat à la présidentielle mais n'a pas encore décidé
Cash sur le vaccin, c'est avec prudence qu'Emmanuel Macron évoque sa probable candidature en 2022. Il dit avoir envie de briguer un nouveau mandat présidentiel mais ajoute que les conditions actuelles, en premier lieu la crise sanitaire, ne lui permettent pas pour l'heure d'officialiser sa candidature, dans ce même entretien mis en ligne par Le Parisien.
"Il n'y a pas de faux suspense. J'ai envie. Dès qu'il y aura les conditions sanitaires qui le permettent et que j'aurai clarifié ce sujet, en moi-même et par rapport à l'équation politique, je dirai ce qu'il en est", a-t-il assuré. "Cette décision se consolide en mon for intérieur. J'ai besoin d'être sûr d'être en capacité d'aller aussi loin que ce que je veux", a ajouté le chef de l'Etat, interrogé par des lecteurs du quotidien.
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Il a en revanche retrouvé une posture d'attaquant pour intervenir - tardivement - dans l'autre polémique de ce début d'année : l'installation du drapeau de l'UE sous l'Arc de Triomphe le 31 décembre, attaquée en choeur par Valérie Pécresse, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Eric Zemmour.
"Le drapeau européen, j'en suis fier, c'est un symbole de paix", a-t-il dit, "cette réaction était disproportionnée et malvenue". Il s'est cependant justifié en expliquant que le drapeau de l'UE avait été placé sous le monument à un moment où "il n'y avait rien".
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Examen du pass vaccinal suspendu
L'examen du projet de loi sur le pass vaccinal a été de nouveau suspendu en pleine nuit mercredi en raison du chaos provoqué dans l'hémicycle par les propos du président Macron.
"Les conditions d'un travail serein ne sont pas réunies", a déclaré le président de séance, Marc Le Fur (LR), en annonçant que les débats reprendraient mercredi à 15h00.
Le début de l'examen du texte la veille avait déjà été marqué par un vote dans la nuit refusant la poursuite des débats.
Un compromis a toutefois déjà été dégagé mardi sur l'application du pass vaccinal aux mineurs, qui ne serait appliqué qu'à "l'âge à partir duquel un mineur peut se faire vacciner contre le Covid-19 sans l'accord parental", soit 16 ans.
Le gouvernement vise toujours une adoption définitive en fin de semaine ou début de semaine prochaine du projet de loi transformant le pass sanitaire en pass vaccinal, avant une entrée en vigueur au 15 janvier.