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Secoué par des émeutes, le Kazakhstan décrète l'état d'urgence sur tout son territoire

Le Kazakhstan a décrété mercredi l'état d'urgence sur tout son territoire après des manifestations déclenchées par une hausse du prix du gaz qui ont dégénéré en émeutes. [afp - EyePress News]
Secoué par des émeutes, le Kazakhstan décrète l'état d'urgence sur tout son territoire / Le Journal horaire / 23 sec. / le 5 janvier 2022
Le Kazakhstan a décrété mercredi l'état d'urgence sur tout son territoire après des manifestations déclenchées par une hausse du prix du gaz qui ont dégénéré en émeutes faisant au moins huit morts parmi les forces de l'ordre, ont rapporté les agences russes.

Les autorités avaient auparavant coupé l'accès à internet et au réseau de téléphonie mobile dans l'ensemble du pays et décrété l'état d'urgence dans plusieurs villes et régions où ont eu lieu les manifestations: la capitale économique Almaty, la province de Mangystau, et la capitale Nur-Sultan, rebaptisée ainsi en l'honneur de l'ancien président Noursoultan Nazarbaïev.

L'état d'urgence a été étendu à l'ensemble du territoire, a indiqué mercredi soir la télévision d'Etat, précisant qu'il serait en vigueur jusqu'au 19 janvier. Il "restreindra la liberté de mouvement, y compris les transports", a indiqué en russe le présentateur de la chaîne, et interdira "les évènements collectifs et les cérémonies familiales liées aux naissances, mariages ou décès".

Au moins huit morts parmi les forces de l'ordre

Au moins huit membres des forces de l'ordre et militaires ont été tués dans les émeutes qui secouent le Kazakhstan depuis plusieurs jours, a indiqué le ministère de l'Intérieur, cité par les médias locaux. Selon la même source, 317 membres de la police et de la Garde nationale ont par ailleurs été blessés "par la foule déchaînée".

Le mouvement de colère a débuté dimanche après une hausse des prix du gaz naturel liquéfié (GNL). Le gouvernement avait dans un premier temps tenté de calmer, sans succès, les protestataires en concédant une réduction du prix du GNL, le fixant à 50 tenges (10 centimes) le litre dans la région, contre 120 au début de l'année. La hausse des prix du gaz est perçue par la population comme injuste au vu des vastes ressources gazières et pétrolières du Kazakhstan.

Grande menace pour le régime

Cette crise est la plus grande menace à ce jour pour le régime mis en place par l'ancien président Noursoultan Nazarbaïev, qui a dirigé cette ex-république soviétique jusqu'en 2019, mais qui conserve une grande influence.

Dans un effort pour juguler la crise, le président actuel Kassym-Jomart Tokaïev a limogé le gouvernement et décrété l'état d'urgence dans plusieurs régions dont Almaty et la capitale, Nur-Sultan, récemment rebaptisée ainsi en l'honneur de Noursoultan Nazarbaïev. Un couvre-feu nocturne y sera en vigueur de 23h00 à 07h00 locales.

Les manifestations de protestation sont rares au Kazakhstan, pays autoritaire où les rassemblements doivent recevoir l'autorisation préalable des autorités.

Arrestation de 200 manifestants

Après celles de la nuit de mardi à mercredi, le ministère de l'Intérieur a rapporté l'arrestation de plus de 200 manifestants, accusés d'avoir "violé l'ordre public" en bloquant les routes et en attaquant des véhicules.

Le président Tokaïev s'est pour sa part adressé à la population dans une vidéo diffusée sur Facebook en appelant au retour au calme. "Nous n'avons pas besoin de conflit", a-t-il dit après avoir mis en garde les protestataires dans une précédente adresse contre toute "provocation".

afp/jpr/fgn

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Le Kazakhstan demande l'aide de Moscou et de ses alliés

Le président du Kazakhstan a demandé l'aide de Moscou et de ses alliés, attribuant à des "terroristes" entraînés à l'étranger les émeutes qui ont éclaté aux quatre coins du pays.

"J'ai appelé aujourd'hui les chefs des Etats de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) à aider le Kazakhstan à vaincre la menace terroriste", a déclaré le président Kassym-Jomart Tokaïev à la télévision d'Etat. Cette organisation rassemble autour de la Russie plusieurs anciennes républiques soviétiques, dont le Belarus et l'Ouzbékistan.

Appel au "dialogue" de Moscou

De son côté, Russie avait appelé plus tôt mercredi au "dialogue" au Kazakhstan. "Nous suivons attentivement les événements dans le pays voisin et frère", a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué. "Nous sommes favorables à une solution pacifique à tous les problèmes dans le cadre légal et constitutionnel et par le dialogue, et non par des émeutes de rue et la violation des lois", a-t-il ajouté.

Le ministère russe des Affaires étrangères a exprimé l'espoir de voir "un retour à la normale le plus rapidement possible de la situation dans le pays, avec lequel la Russie est liée par des relations de partenariat stratégique et d'alliance ainsi que par des contacts fraternels et humains".

Le Kazakhstan revêt une importance cruciale pour la Russie en tant que partenaire économique et l'ancien président Noursoultan Nazarbaïev, qui a dirigé le pays jusqu'en 2019 mais qui conserve une grande influence, est un proche allié du président Vladimir Poutine.

Washington appelle les autorités à la "retenue"

Le gouvernement américain appelle les autorités du Kazakhstan à la "retenue" et souhaite que les manifestations s'y déroulent "de manière pacifique", a dit mercredi la porte-parole de la Maison Blanche Jen Psak.

Jen Psaki a aussi critiqué les "folles allégations de la Russie" sur une responsabilité supposée des Etats-Unis dans les émeutes qui secouent le Kazakhstan. "C'est absolument faux" et cela relève "de la stratégie de désinformation russe", a-t-elle asséné.

L'ONU suit "avec inquiétude la situation", a déclaré mercredi le porte-parole du secrétaire général, Stéphane Dujarric, lors de son point-presse quotidien.

"Il est très important pour toutes les personnes impliquées dans ces événements actuels de faire preuve de retenue, de s'abstenir de toute violence et de promouvoir le dialogue", a ajouté Stéphane Dujarric.