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Au Portugal, le droit à la "déconnexion" contre le télétravail envahissant

Le Portugal encadre le télétravail avec une loi donnant droit à la déconnection (vidéo)
Le Portugal encadre le télétravail avec une loi donnant droit à la déconnexion (vidéo) / L'éclairage d'actualité / 3 min. / le 11 janvier 2022
Au Portugal, le télétravail n'existait pour ainsi dire pas avant la pandémie. Pour l’encadrer, une loi est en vigueur depuis novembre. Principale nouveauté: le "droit à la déconnexion".

La crise du Covid a contraint environ 1,3 million de personnes au travail à distance, soit près d'un tiers de la population active au Portugal.

Si certains employés sont ravis de leur situation de télétravail, d’autres ont dénoncé les abus des employeurs qui interfèrent dans la vie privée. Désormais, ceux-ci n’ont plus le droit de contacter leurs employés en dehors de l’horaire de travail prévu.

>> Relire : La pandémie de Covid-19 brouille la frontière entre travail et vie privée

"C’est une avancée sociale, clairement", se réjouit Typhaine, employée par un grand groupe de call-centers, mardi dans La Matinale. "Le fait qu’ils n’ont pas le droit de nous contacter en dehors de nos horaires de travail, cela permet d’être sûr de maintenir la limite entre vie privée et vie professionnelle."

Dissuasion par les amendes

Le non-respect des horaires de travail est désormais reconnu comme une infraction et est passible d’amende. Pour Carla Esteves, directrice de l'entreprise de vente en gros alimentaire Unimark, c’est dissuasif. "Je trouve bien qu’avec cette nouvelle loi, les patrons se montrent rigoureux, afin d’éviter le paiement d’amendes, car cela va contre l’intérêt des entreprises et contre leur trésorerie", explique-t-elle.

Le temps de travail légal au Portugal est de 40 heures par semaine, à raison de 8 heures par jour. Le code du travail prévoit une flexibilité des horaires, mais pas question de laisser les dérives s’installer.

Pas possible d'être présent en permanence

"On peut parfaitement envisager, comme dans le code du travail général, qu’un télétravailleur puisse avoir par moments un horaire de travail élargi, qu’il va pouvoir compenser la semaine suivante", avance Sergio Monte, secrétaire général adjoint de l’Union générale des travailleurs. "Mais ce qui n’est pas permis et n’est pas envisageable, c’est qu’un télétravailleur soit connecté à l’entreprise 24 heures sur 24. C’est impensable!"

La nouvelle loi n’est pas parfaite. Mais elle a le mérite de prévoir, outre la déconnexion relative, la prise en charge des frais inhérents au télétravail et de garantir son caractère non obligatoire.

Reportage radio: Marie-Line Darcy

Adaptation web: ami

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