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Joe Biden monte au créneau pour défendre une vaste réforme électorale

Bataille sur l’organisation des élections et l’accès au vote aux États-Unis. L’avenir de la démocratie américaine en dépend
Bataille sur l’organisation des élections et l’accès au vote aux États-Unis. L’avenir de la démocratie américaine en dépend / 19h30 / 2 min. / le 12 janvier 2022
Joe Biden a promis mardi, sur les terres de Martin Luther King, de dynamiter s'il le faut les règles parlementaires afin de protéger l'accès au vote des Afro-Américains, menacé de facto dans de nombreux Etats conservateurs.

"Cela fait deux mois que j'ai des conversations discrètes avec les membres du Congrès. J'en ai assez d'être silencieux" face au blocage par l'opposition républicaine de deux projets de réforme électorale cruciaux, s'est emporté le président américain en Géorgie, Etat qu'il a qualifié de "berceau" de la lutte pour les droits civiques.

"Pour protéger la démocratie, je soutiens un changement des règles du Sénat, quel qu'il soit, pour empêcher une minorité de sénateurs de bloquer l'avancée sur l'accès au droit de vote", a dit Joe Biden.

Parlant d'un "tournant" pour les Etats-Unis, le démocrate de 79 ans a assuré que "chaque membre du Sénat serait jugé par l'Histoire".

"L'Histoire n'a jamais été indulgente envers ceux qui se sont mis du côté de la restriction de l'accès au vote. Ni pour ceux qui se sont mis du côté de la subversion des élections", a averti Joe Biden, s'exprimant à Atlanta devant les étudiants d'universités historiquement liées à la communauté afro-américaine.

Harmonisation au niveau fédéral

Il veut harmoniser au niveau fédéral les conditions dans lesquelles votent les Américains, depuis l'inscription sur les registres électoraux jusqu'au décompte des voix, en passant par le vote par correspondance ou la vérification d'identité.

Autant de paramètres que plusieurs Etats républicains du Sud, dont la Géorgie, ont entrepris de modifier pour, disent-ils, augmenter la sécurité des scrutins.

Dans les faits, ces réformes compliquent l'accès aux urnes des minorités et particulièrement des Afro-Américains, qui votent majoritairement pour les démocrates, tout en renforçant l'emprise des autorités locales sur les opérations de vote.

Lois "Jim Crow 2.0"

Joe Biden les a qualifiées mardi de lois "Jim Crow 2.0", en référence aux lois dites "Jim Crow" qui ont codifié la ségrégation raciale dans les Etats du Sud américain après la guerre de Sécession.

"Le but de l'ancien président et de ses alliés est de disqualifier quiconque vote contre eux. C'est aussi simple que ça. Les faits ne vaudront plus rien. Votre vote ne vaudra plus rien", a averti le président démocrate, désormais décidé à attaquer frontalement Donald Trump et ses théories sans fondement sur une fraude massive à la dernière présidentielle.

Règles parlementaires bouleversées

Joe Biden veut que le Sénat riposte en adoptant le "John Lewis Voting Rights Advancement Act" et le "Freedom to vote Act", quitte à dynamiter la "règle du filibuster".

Cette règle exige que le Sénat rassemble une majorité renforcée (60 voix sur un total de 100) pour mettre au vote la plupart des textes. Mais les démocrates (51 voix au Sénat en prenant en compte celle de Kamala Harris, contre 50 pour les républicains) peuvent passer en force et voter à la majorité simple.

>> Ecouter les explications de Jordan Davis dans Tout un Monde sur les enjeux autour de la "règle du filibuster" :

Des bulletins de vote envoyés par la poste à Atlanta, en Géorgie, le 5 novembre 2020. [Keystone/epa - Erik S. Lesser]Keystone/epa - Erik S. Lesser
Comment les Américains vont-ils voter et qui va compter leurs votes ? / Tout un monde / 5 min. / le 14 janvier 2022

De quoi faire hurler l'opposition conservatrice mais aussi bousculer certains démocrates, pour qui cette règle des 60 voix, censée favoriser le dialogue entre les deux partis, doit être protégée.

Le président américain, ancien sénateur attaché aux traditions parlementaires, a longtemps hésité à soutenir un passage en force au Sénat.

Mais Joe Biden, impopulaire, a besoin de donner un nouveau souffle à son mandat, avant des élections législatives à l'automne qui pourraient lui coûter le Congrès.

>> Lire aussi le décryptage : "Les difficultés de Biden viennent de l'obstruction systématique des républicains"

afp/cab

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