Le volcan sous-marin des îles Tonga, dont l'éruption a provoqué un tsunami à travers le Pacifique, a coupé l'archipel du reste du monde. Un nuage de cendres imposant entoure les îles et empêche les secours d'atterrir. Des avions ont décollé lundi uniquement pour survoler l'île.
"Les vols entrepris aujourd'hui nous aideront à déterminer les besoins éventuels, tout comme la communication avec les responsables sur place. En même temps, nous savons que l'eau est un besoin immédiat. Un avion militaire pourra ensuite décoller, nous l'espérons, afin de répondre à ce besoin beaucoup plus rapidement que les navires de notre marine", a annoncé Jacinda Ardern, la première ministre néo-zélandaise.
Communications coupées et familles inquiètes
La communauté tongienne d'Auckland prie et s'inquiète car les familles sont sans nouvelles de leurs proches. La catastrophe a sectionné un câble de communications et l'archipel se trouve donc privé de téléphone et d'internet. Après l'éruption et le tsunami qui a suivi, la Nouvelle-Zélande a établi un contact par satellite avec l'archipel. Aucune victime n'a été signalée dans la capitale mais les dégâts s'annoncent importants, surtout sur les îles les plus reculées.
Toutefois, "le volcan est susceptible d'éclater davantage dans les prochains jours", s'inquiète le professeur Oliver Nebel, de l'École de la Terre, de l'atmosphère et de l'environnement de l'Université de Monash, en Australie. Les populations concernées doivent donc rester vigilantes et prendre leurs précautions avant que les cendres ne se dissipent. Le problème principal résidant dans la pollution des réserves d'eau, elles sont invitées à boire de l'eau en bouteilles.
Une explosion entendue jusqu'en Alaska
Situé dans la "Ceinture de feu" de l'océan Pacifique, zone où la rencontre des plaques tectoniques provoque une activité sismique élevée, le volcan Hunga Tonga-Hunga Ha'apai mesure environ 20 km de diamètre, pour 1800 mètres de haut, essentiellement immergés. Il est "posé" au fond de l'océan mais son cratère principal affleure au ras de l'eau, formant une île inhabitée.
Tout a commencé fin décembre, quand le volcan est entré en éruption sous l'eau, provoquant "des explosions de plus en plus puissantes liées à l'interaction entre le magma et l'eau de mer", explique Raphaël Grandin, de l'Institut de physique du globe de Paris (IPGP).
La plus grosse s'est produite samedi, formant un panache de 30 km d'altitude qui a atteint la stratosphère. Il s'est rapidement développé en une "ombrelle volcanique" de plusieurs centaines de kilomètres de diamètre au-dessus de la région, dont une partie s'est retrouvée ensevelie sous les cendres, précise l'agence sismique néo-zélandaise.
L'éruption a été si puissante qu'elle a provoqué un tsunami généralisé, inondant des côtes des Etats-Unis jusqu'au Chili ainsi qu'au Japon, et tué deux personnes au Pérou.
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L'onde de choc a été telle que l'explosion a été entendue jusqu'en Alaska, à plus de 9000 km de là. "C'est exceptionnel. A ma connaissance, la dernière explosion audible à cette distance remonte à celle du volcan Krakatoa en Indonésie en 1883, qui avait fait 36'000 morts", souligne Raphaël Grandin de l'Institut de physique du globe de Paris (IPGP).
Comme une "cocotte-minute"
Dans le cas du volcan Hunga Tonga-Hunga Ha'apai, la remontée du magma vers la surface libère des gaz qui doivent "pousser" pour se frayer un chemin, créant un phénomène de surpression. La présence d'eau "aggrave la situation car avec la chaleur, elle se transforme en vapeur et se détend, comme dans une cocotte-minute", développe Raphaël Grandin.
Toutes les explosions volcaniques sont liées à cette décompression des gaz magmatiques. "Quand ça se passe au fond de la mer, l'eau a tendance à étouffer l'activité. Quand ça se passe à l'air libre, les risques restent localisés. Mais quand ça se passe à fleur d'eau, c'est pas de chance, car c'est là que les risques de tsunami sont les plus élevés", ajoute-t-il.
Reportage TV par Tamara Muncanovic
Adaptation web: aps/afp