Le Premier ministre Boris Johnson doit s'employer pour calmer la fronde d'un nombre croissant d'élus conservateurs, furieux de la série de révélations sur la tenue de fêtes au 10, Downing Street en plein confinement.
Alors qu'il avait permis à son parti d'obtenir en 2019 sa plus large majorité au Parlement depuis une trentaine d'années, il est aujourd'hui sous la menace des députés de son propre camp. Car ses excuses répétées et ses affirmations selon lesquelles il n'était pas au courant de l'organisation de fêtes par ses propres services n'ont guère convaincu.
Pour faire oublier ces compromissions, le Premier ministre joue la carte de la diversion. Mardi, il tirait à boulets rouges sur la BBC, et il doit s'exprimer mercredi devant le Parlement pour annoncer une possible levée des mesures sanitaires imposées le mois dernier face au variant Omicron.
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Mais ces manoeuvres de diversions ne paraissent pas en mesure de sauver un Premier ministre forcé de nier avoir menti au Parlement. Une enquête interne est en cours, dont la conclusion est attendue ces prochains jours.
Deux noms se profilent
Et le Premier ministre sur un siège éjectable, les pronostics sur sa successions vont bon train. En embuscade, certains se préparent déjà à sa chute. Parmi les noms populaires qui se murmurent au sein du Parti conservateur, on trouve le ministre de l'Economie Rishi Sunak, ou encore Liz Truss, actuelle cheffe de la Diplomatie. Ces deux ministres ont nourri les spéculations en se contentant d'un soutien timoré au chef du gouvernement ces derniers jours.
"Brexiter" de la première heure, Rishi Sunak, 41 ans, est un politicien fortuné qui séduit par sa rhétorique policée. Quant à Liz Truss, 46 ans, elle est la plus populaire auprès des militantes et des militants conservateurs. Appréciée notamment pour son franc parler et sa défense du libéralisme, d'aucun la qualifient déjà de "nouvelle dame de fer du parti".
Destitution encore hypothétique
Toutefois, pour qu'un débat s'ouvre sur l'éviction de Boris Johnson de la tête du Parti conservateur, et par conséquent du poste de Premier ministre, il faut dans un premier temps que 54 des 360 élus conservateurs adressent une lettre de défiance au président du "Comité de 1922", un groupe parlementaire des Tories à la Chambre des communes.
Or, ce scénario pourrait se réaliser. D'après le journal britannique The Telegraph, une vingtaine de députés élus en 2019 ont l'intention d'initier cette démarche. De son côté, la BBC estime que le seuil de 54 pourrait être atteint, tandis que le journal The Times a calculé que 58 députés conservateurs avaient publiquement critiqué Boris Johnson, formant un réservoir suffisant de "frondeurs" potentiels.
jop avec reuters