A trois mois de la présidentielle, la classe politique française se déchire sur le pass vaccinal
Comme dans beaucoup de pays, il y a d'un côté ceux qui disent défendre les libertés et de l'autre, ceux qui prônent des restrictions au nom de la santé publique. Mais en France, le contexte électoral et la culture politique rendent ce débat particulièrement houleux.
Les fronts se durcissent, surtout après la phrase polémique d'Emmanuel Macron dans la presse sur la stratégie consistant à "emmerder les non vaccinés".
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Au-delà du clivage gauche-droite
Dans le camp des antipass, on trouve à l'extrême droite, Marine Le Pen. De son côté, Eric Zemmour juge que ce pass est inutile, mais il n'est pas le détracteur le plus virulent. Nicolas Dupont-Aignan et Florian Philippot en ont fait leur combat quasi unique. Ils réussissent à mobiliser la rue, mais leur poids électoral reste marginal dans les sondages.
A gauche, Jean-Luc Mélenchon s'engage aussi dans ce combat. Le tribun de La France insoumise, grand partisan de la planification et de la régulation en bien des matières, se transforme en défenseur acharné des libertés individuelles.
Le discours antipass de celui qui est le mieux placé à gauche prend à l'occasion des intonations antivax. Jean-Luc Mélenchon avait affirmé début 2021 qu'en aucun cas il ne s'injecterait le "machin Pfizer", il aurait depuis effectué toutes ses doses.
Dans un registre moins tonitruant, mais passablement alambiqué, Christiane Taubira s'était illustrée en refusant d'appeler clairement à la vaccination. Depuis, elle a corrigé le tir. Les écologistes, quant à eux, appellent à la vaccination, mais ils s'opposent au pass vaccinal.
Droite républicaine divisée
Le reste de la classe politique soutient le pass vaccinal avec des nuances. Les partis socialiste et communiste attaquent devant le Conseil constitutionnel la disposition du texte permettant le contrôle les identités. En France, il y a une vraie réticence à ce sujet, qu'il n'y a pas eu en Suisse.
Enfin, à droite, la candidate Valérie Pécresse soutient le pass vaccinal, mais elle n'est pas suivie par toute sa famille, Les Républicains. Les oppositions modérées essaient de naviguer sur une crête: accepter le principe du pass sanitaire mais sans offrir à Emmanuel Macron les bénéfices politiques.
Alexandre Habay/vajo