Le dirigeant démocrate veut avec ce texte poser un cadre pour l'organisation des élections aux Etats-Unis, un sujet brûlant à dix mois des élections de mi-mandat.
Il cherche en parallèle à annuler une série de restrictions adoptées dans plusieurs Etats conservateurs depuis la présidentielle de 2020, comme l'interdiction au Texas de faire la promotion du vote par correspondance.
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Viser la "super majorité"
Le puissant ténor conservateur Mitch McConnell a accusé les démocrates mercredi de tenter "à tout prix de s'accaparer le pouvoir". Aucune chance donc de rallier des parlementaires républicains pour atteindre la "supermajorité" de 60 voix requise au Sénat pour clore les débats et soumettre le texte au vote.
Le chef des démocrates au Sénat Chuck Schumer a malgré tout décidé de tenter un passage en force en déclenchant mercredi soir une "option nucléaire" surnommée ainsi tant elle rompt brutalement avec la tradition.
Elle permettrait aux démocrates d'avancer sur cette réforme avec les 51 voix que son parti contrôle contre 50 à l'opposition.
Convaincre deux sénateurs modérés
Mais deux sénateurs de l'aile modérée des démocrates Kyrsten Sinema et Joe Manchin refusent cette manoeuvre, condamnant de fait la réforme elle-même.
Dans une dernière tentative de les convaincre, Chuck Schumer a musclé son jargon mercredi: L'accès au vote est une "question vitale", a-t-il plaidé depuis l'hémicycle, les restrictions dans les Etats républicains "particulièrement honteuses", "particulièrement odieuses".
Et d'interpeller les 100 sénateurs de la chambre haute: "L'histoire nous regarde."
Concentré sur les questions nationales
"Tous les prochains grands projets vont être de plus en plus difficiles à faire passer, même dans le propre camp démocrate, estime Roberto de Primis, chercheur à l'Université du Québec à Montréal et spécialiste des Etats-Unis, mercredi dans Forum.
Avant d'ajouter: "Nous, Occidentaux, sommes très déçus de voir que Joe Biden ne s'occupe pas vraiment de politique étrangère. On l'a vu avec le retrait de l'Afghanistan. Il y a aussi une perte de crédibilité des Etats-Unis. Parce qu'il se concentre énormément sur les questions nationales: la crise économique, le Covid, la vaccination..."
L'enjeu de la majorité au Congrès
La "grande crainte" de Joe Biden est de perdre la majorité au Congrès lors des élections de mi-mandat. Joe Biden l'avait déjà vécu lorsqu'il était vice-président de Barack Obama, en 2010. "Joe Biden travaille donc sur le terrain, dans les différents Etats pour donner la possibilité à tous les Américains de pouvoir aller voter", analyse Roberto de Primis.
L'inflation, le variant Omicron ou encore le retrait de l'Afghanistan sont autant d'éléments qui jouent "contre" le président américain, selon Roberto de Primis. "Le taux de popularité de Joe Biden est quasiment identique à celui de Donald Trump au plus mauvais moment de sa présidence." Beaucoup de "chantiers" comme l'immigration attendent encore le président américain, souligne le chercheur.
vajo avec afp