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Un énorme iceberg de l'Antarctique risque de modifier tout un écosystème

L'iceberg A68, qui comptait à ce moment-là parmi les plus grands jamais repérés, photographié le 23 décembre 2020 dans l'Atlantique Sud. [AP/Keystone - Phil Dye]
Un iceberg géant pourrait modifier l'écosystème en fondant / Le Journal horaire / 28 sec. / le 21 janvier 2022
Un iceberg géant détaché de l'Antarctique en 2017 a relâché plus de 150 milliards de tonnes d'eau douce lors de sa fonte à 4000 kilomètres de son point de départ, un volume énorme qui pourrait modifier sensiblement un écosystème.

La formation des icebergs est un processus naturel, mais le réchauffement de l'air et des océans contribue à l'accélérer, selon les scientifiques. En juin 2017, cet iceberg baptisé A68 s'était séparé d'une gigantesque plateforme de glace, nommée Larsen C, à la pointe de la péninsule antarctique.

Ce géant de mille milliards de tonnes, deux fois plus grand que le Luxembourg, était le plus grand à s'être jamais détaché, mais il a été depuis rétrogradé à la 6e place, note une étude publiée jeudi dans la revue Remote Sensing of Environment.

Fonte en eaux plus chaudes

Il était resté ensuite pendant deux ans dans les eaux froides de la mer de Weddell près du lieu de son vêlage (séparation) avant de voyager vers le nord, vers des mers plus chaudes, entamant alors sa fonte jusqu'à sa disparition au printemps 2021 dans l'Atlantique Sud, près de l'île britannique de Géorgie du Sud, à 4000 kilomètres de son point de départ.

A l'automne 2020, l'iceberg s'était dangereusement rapproché de cette île, faisant craindre que le bloc de glace dont la partie immergée mesurait encore quelque 140 mètres ne se retrouve coincé sur le fond marin, bloquant le passage de milliers de manchots et de phoques habitant les lieux.

Le désastre avait été évité, mais les chercheurs qui ont suivi toutes les étapes de la vie de l'iceberg via satellites, s'interrogent sur l'impact de la fonte de cette glace d'eau douce.

Le chemin suivi par l'iceberg A68, qui s'était séparé d'une gigantesque plateforme de glace, nommée Larsen C, à la pointe de la péninsule antarctique, en 2017. [Remote Sensing of Environment]
Le chemin suivi par l'iceberg A68, qui s'était séparé d'une gigantesque plateforme de glace, nommée Larsen C, à la pointe de la péninsule antarctique, en 2017. [Remote Sensing of Environment]

Eau et nutriments

Lors des trois mois de 2020-2021 qui l'ont vu fondre complètement près de l'île de Géorgie du Sud, l'iceberg a libéré au total 152 milliards de tonnes d'eau douce mêlée à des nutriments dans cet écosystème fragile. Soit l'équivalent de 61 millions de piscines olympiques ou 20 fois le Loch Ness, note dans un communiqué le centre de recherche British Antarctic Survey, qui a participé à l'étude.

"C'est un volume d'eau énorme, et nous voulons désormais déterminer si cela a eu un impact positif ou négatif sur l'écosystème autour de la Géorgie du Sud", indique l'auteure principale de l'étude, Anne Braakmann-Folgmann, du Centre d'observation et de modélisation polaires.

L'étude souligne notamment que ce volume d'eau, libéré dans une mer où s'alimentent phoques, oiseaux et baleines, pourrait avoir affecté "les propriétés de l'eau et le plancton".

Il est d'autant plus important d'étudier cet impact que A68 "a pris un chemin classique", note Anne Braakmann-Folgmann. "Nous espérons en apprendre plus sur les icebergs qui prennent la même trajectoire, et sur la façon dont ils influencent les océans polaires".

afp/jpr

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