L'ex-Premier ministre milliardaire Silvio Berlusconi, 85 ans, le plus agressif dans sa campagne, allant jusqu'à se vanter de ses sulfureuses soirées "bunga bunga", a finalement jeté l'éponge samedi, donnant l'occasion à ses alliés de droite de choisir un candidat moins clivant.
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Mais aucun signe de consensus n'était visible malgré des négociations en coulisses ce weekend.
Pendant son septennat, le président, au rôle essentiellement honorifique, dispose toutefois d'un pouvoir considérable en cas de crise politique - dont l'Italie est coutumière -, qu'il s'agisse de dissoudre le Parlement, de choisir le Premier ministre ou de refuser des mandats à des coalitions fragiles.
Election à bulletins secrets
Il est notoirement difficile de prédire le vainqueur de cette élection à bulletins secrets - un mode de scrutin propice aux rebondissements - se tenant sur plusieurs jours, à laquelle votent plus d'un millier de députés, sénateurs et élus régionaux.
Ex-président de la Banque centrale européenne, où il est crédité d'avoir sorti l'euro d'une grave crise de la dette, Mario Draghi, 74 ans, a laissé entendre qu'il était intéressé, mais son élection laisserait vacant son poste actuel à un moment très délicat.
Alors que l'Italie a plus que jamais besoin de stabilité, les partis appartenant à la coalition disparate soutenant Mario Draghi sont déjà en ordre de bataille en vue des législatives de l'an prochain. Et le chaos pourrait mettre en danger la mise en musique du volet italien du plan de relance européen post-Covid (lire encadré).
"C'est une élection clé et très compliquée, parce que les partis politiques sont faibles, ils sont dans un état de fragmentation totale", explique à l'AFP Giovanni Orsina, directeur de la Luiss School of Government à Rome.
Résultat pas avant jeudi
Le premier tour de l'élection doit commencer lundi à 15h00 heure locale à la chambre des députés. Le résultat devrait être connu en soirée.
En raison des mesures de sécurité liées au Covid, chaque tour prendra une journée et, comme le veut la tradition, il n'y a théoriquement pas de candidats officiels.
Si Mario Draghi reste Premier ministre, de nombreux autres noms circulent pour le poste de chef de l'État, notamment ceux du commissaire européen Paolo Gentiloni, de l'ancien Premier ministre socialiste Giuliano Amato ou de la ministre de la Justice Marta Cartabia, qui serait la première femme présidente.
Les observateurs n'attendent pas de résultat final avant jeudi, lorsqu'aura lieu le quatrième tour, pour lequel il faut la majorité absolue pour gagner, et non les deux tiers des voix comme aux tours précédents.
Quant à Silvio Berlusconi, il était de retour à l'hôpital dimanche, après s'être retiré par sens de la "responsabilité nationale", selon lui.
afp/kkub
Craintes pour les réformes en cours
Nommé par le président sortant Sergio Mattarella en février 2021, Mario Draghi a réussi à maintenir l'unité d'un gouvernement composé de presque tous les partis politiques italiens, tout en relançant la croissance économique.
Il a également supervisé les réformes clés exigées en échange des fonds du plan de relance de l'UE, dont Rome est le principal bénéficiaire avec environ 200 milliards d'euros.
Les investisseurs internationaux craignent que l'Italie, criblée de dettes, prenne du retard sur le calendrier serré des réformes au cas où Mario Draghi quitterait son poste de Premier ministre, alors que le pays lutte contre une nouvelle vague de Covid-19 qui risque de perturber la reprise après la récession de 2020
La plupart des experts estiment que Mario Draghi serait mieux placé en tant que président pour assurer la stabilité politique et les bonnes relations avec Bruxelles, en particulier si la droite et l'extrême droite remportaient les élections prévues en 2023.