"Nous n'avons pas l'intention de déployer des forces américaines ou de l'Otan en Ukraine", a assuré le président américain à des journalistes qui l'accompagnaient lors d'une visite dans un petit commerce à Washington.
A une journaliste qui lui demandait s'il pouvait envisager de sanctionner personnellement le président russe s'il attaquait l'Ukraine, Joe Biden a répondu "Oui", puis "Je peux le concevoir".
Plus tôt dans la journée de mardi, Washington a détaillé les lourdes sanctions que subirait la Russie en cas d'invasion de l'Ukraine. "Il n'est plus question de réponse graduée. Cette fois nous commencerons d'emblée par le haut de l'échelle (des sanctions) et nous y resterons", a fait savoir un haut responsable de la Maison Blanche mardi, s'exprimant sous couvert d'anonymat.
Nouvelles manoeuvres russes
Si Joe Biden semble désormais se refuser à envoyer des militaires dans la région, Washington avait toutefois annoncé lundi la mise en alerte de plus de 8000 soldats américains. Une décision dénoncée par le Kremlin qui a riposté en lançant une nouvelle série de manoeuvres à proximité de l'Ukraine et en Crimée, avec des exercices impliquant 6000 hommes, des avions de chasse et des bombardiers.
Il s'agit d'une opération "interarmées" qui implique notamment "l'armée de l'air et l'antiaérien, des groupes de navires des flottes de la mer Noire et de la Caspienne", a indiqué le commandant des forces russes pour le sud de la Russie.
Les exercices de l'armée de l'air impliqueraient 60 chasseurs et bombardiers dans quatre régions, notamment la péninsule de Crimée que la Russie a annexée en 2014 en représailles à une révolution pro-occidentale en Ukraine. Il s'agit notamment de coordonner l'action de la marine et de l'aviation lors de tirs de missiles.
Menaces de sanctions
Plus qu'une invasion russe de l'Ukraine, les Européens redoutent de leur côté que Kiev tombe dans le piège d'une confrontation armée dans la région du Donbass, déclenchée par une provocation des séparatistes pro-russes. L'UE a averti Moscou de sa détermination à la sanctionner.
"Personne ne sait si Vladimir Poutine a pris la décision d'une intervention et quel en sera le déclencheur mais l'alerte maximale a été lancée jusqu'à fin février", a confié mardi un responsable européen.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a de son côté indiqué que les dirigeants occidentaux ont convenu de répondre d'une seule voix à une éventuelle "attaque" de l'Ukraine par la Russie, en imposant à Moscou des sanctions d'une sévérité sans précédent.
Enfin, le président français Emmanuel Macron a déclaré qu'il allait demander à son homologue russe Vladimir Poutine des "clarifications" sur les intentions de Moscou à l'égard de l'Ukraine, prévenant qu'une attaque de la Russie contre son voisin provoquerait une riposte avec un coût "très élevé".
afp/ther
Yves Rossier: "L'élément déclencheur, c'est la lassitude"
Pour l'ancien ambassadeur suisse en Russie Yves Rossier, interrogé dans le 19h30, la tension qui a lieu actuellement en Ukraine est le fruit d'une lassitude russe qu'on peut lier à la fin de l'Union soviétique.
"Il faut reprendre les éléments depuis la fin de l'URSS. A l'époque, la Russie a tendu la main, elle voulait adhérer à l'OTAN, elle voulait entrer dans l'Union européenne. Elle considère que ses avances ont été rejetées et cherche désormais une manière de trouver sa place, en faisant valoir ses exigences de sécurité", explique-t-il.
Tout en soulignant l'importance de la souveraineté ukrainienne, Yves Rossier juge qu'il est essentiel de comprendre qu'en politique extérieure, il faut prendre en compte les voisins. D'après lui, Kiev aurait donc également intérêt à avoir une relation apaisée avec Moscou.
"Personne ne doit perdre la face"
La situation reste toutefois très tendue dans la région et le diplomate suisse se dit d'ailleurs surpris de la façon dont les Russes ont affiché leurs objectifs.
"J'ai été surpris de la publication des attentes russes, parce que lorsque vous annoncez ce que vous attendez lors d'une négociation, c'est extrêmement difficile de vous contenter ensuite d'une demi-solution ou des deux tiers (...) il faudra donc non seulement que les négociateurs trouvent une solution mais aussi que personne ne perde la face, cela va donc certainement être assez ardu", conclut-il.
L'Ukraine dit avoir démantelé un groupe préparant des attaques
L'Ukraine a affirmé avoir démantelé un groupe agissant sur ordre de Moscou et qui préparait des attaques armées pour "déstabiliser" des régions du pays.
"Les organisateurs de la bande préparaient une série d'attaques armées contre des infrastructures", a déclaré le service ukrainien de sécurité (SBU), affirmant que le groupe "était coordonné" par des "services spéciaux russes".
Les deux organisateurs, dont un Russe, ont été arrêtés, a précisé le SBU dont des agents ont saisi "un engin explosif, des armes légères et des munitions". Les deux hommes étaient des anciens commandos ayant participé à des combats, a affirmé une source au sein des forces de l'ordre.