Sur l'Europe, "le meilleur allié de la Suisse est la Suisse", estime l'ambassadeur de France à Berne
Dernier exemple en date des relations tumultueuses entre la Confédération et Bruxelles, la Suisse a perdu son statut privilégié de membre associé aux programmes de recherche européens Horizon. S'il est difficile pour l'heure d'en mesurer les conséquences exactes, les hautes écoles et les milieux économiques ont écrit au Conseil fédéral pour qu'il trouve une solution.
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Invité dans le 19h30, Frédéric Journès, ambassadeur de France en Suisse, appelle lui aussi le Conseil fédéral à se montrer proactif sur le dossier européen: "Le meilleur allié de la Suisse pour régler ses relations avec l'Europe, c'est la Suisse. [...] Il faut que la Suisse dépose ses propositions auprès de la Commission européenne. Elle est en train de perdre son temps depuis 10 ans."
Et d'insister: "Il faut qu'on avance là-dessus pour retrouver la pleine participation de la Suisse sur les programmes comme Horizon. On n'en serait jamais là s'il n'y avait pas eu l'abandon de l'accord-cadre."
Fermeté de la France
Reste que les pays membres de l'UE gardent une certaine liberté dans leurs relations commerciales avec la Confédération. L’Allemagne vient par exemple de reconnaître les certifications pour produits Medtech des entreprises helvétiques, contre l'avis de Bruxelles.
Interrogé sur une éventuelle rigidité de la France comparé à l'Allemagne, Frédéric Journès botte en touche: "Sur le coeur de la relation, la participation au marché intérieur, c'est la Commission qui est à la manoeuvre, et il faut que la Suisse fasse quelque chose." L'ambassadeur précise toutefois que "si la Suisse a des propositions, Emmanuel Macron aura envie qu'il y ait un succès".
Punition après avoir renoncé au Rafale?
Cette froideur de la France avec Berne serait-elle due au choix de la Confédération d'acheter des avions F-35 américains plutôt que des Rafale français? Frédéric Journès s'en défend: "On n'est pas dans des rapports comme ça, on est des voisins, on va construire des succès ensemble."
Il admet tout de même une déception dans les rangs français: "Le Conseil fédéral a pris une autre décision, c'est comme le 28 [juin 2021, quand la Suisse a éliminé la France lors de l'Euro, ndlr], après dans les vestiaires l'ambiance n'est pas super le soir, mais on tourne la page."
Interview TV: Philippe Revaz
Texte web: Antoine Schaub