L'avantage de 13 points dont disposait Antonio Costa début novembre, quand le rejet du budget 2022 par ses anciens alliés de la gauche radicale avait provoqué la dissolution du Parlement sortant, s'est réduit comme peau de chagrin.
Selon deux sondages publiés vendredi par le quotidien Publico et l'hebdomadaire Expresso, le Parti socialiste (PS, centre gauche) devrait l'emporter avec 35 ou 36% des intentions de vote, contre 33% pour le Parti social-démocrate (PSD, centre-droit) de Riu Rio, l'ancien maire de Porto.
Une "égalité technique"
Comme ces écarts restent dans la marge d'erreur de ces enquêtes, les sondeurs se retrouvent devant une "égalité technique" qui peut déboucher sur la reconduction des socialistes, au pouvoir depuis 2015 grâce au soutien parlementaire de la gauche radicale, ou l'ouverture d'un nouveau cycle politique.
En termes de sièges, la course s'annonce tout aussi serrée, dans la mesure où chacun des deux partis peut prétendre à la victoire, et il n'est même pas clair si l'ensemble de la gauche restera majoritaire ou si l'Assemblée basculera à droite.
Derrière les deux partis qui ont dirigé le Portugal depuis l'avènement de la démocratie en 1974, les dernières enquêtes parues avant la "journée de réflexion" qui sera observée samedi font apparaître quatre formations à quasi-égalité, avec 5% à 6% des intentions de vote.
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Forte progression à droite
A l'extrême droite et à droite, les populistes de Chega et les libéraux devraient tous deux réaliser une forte progression, après leur entrée au Parlement en 2019 avec un seul député.
Du côté de la gauche radicale, les anciens alliés du Parti socialiste - le Bloc de gauche et la coalition communistes-verts - risquent d'être pénalisés par leur rejet du projet de budget pour 2022, qui a précipité la convocation de ce scrutin anticipé.
Dans les rues de Lisbonne, de nombreux électeurs continuent de croire à une victoire d'Antonio Costa, ancien maire de la capitale âgé de 60 ans.
Le Covid-19, sujet absent de la campagne
Comme ailleurs, la vague épidémique liée au variant Omicron a provoqué au Portugal une explosion des contaminations. Mais la situation du pays, qui affiche le taux de couverture vaccinale le plus élevé d'Europe, reste maîtrisée.
Le grand sujet de la campagne n'a d'ailleurs pas été la gestion de la crise sanitaire, mais le jeu d'alliances qui s'ouvrira au lendemain du scrutin.
Antonio Costa a commencé par se montrer peu enclin à négocier avec le centre droit ou la gauche radicale, pour se poser en unique garant de la stabilité et convaincre les électeurs de lui offrir la majorité absolue qui lui avait échappé de peu en 2019.
Puis, face à des sondages de moins en moins favorables, il a finalement reconnu qu'il lui faudrait discuter avec "tous les partis sauf Chega" (extrême-droite).
Fidèle à sa ligne centriste, le chef de l'opposition s'est, pour sa part, toujours montré prêt à négocier avec Antonio Costa les conditions permettant au gagnant, quel qu'il soit, de former un gouvernement minoritaire sans s'appuyer sur les partis radicaux.
afp/vajo
Electeurs en quarantaine autorisés à sortir pour voter
Les électeurs portugais placés en quarantaine pendant la période des élections législatives du 30 janvier seront autorisés à rompre leur isolement pour aller voter, a annoncé le gouvernement.
Afin d'éviter que ces électeurs atteints du Covid-19, ou considérés comme cas contact, contribuent à la propagation du virus, il leur sera "recommandé" d'aller voter à un horaire déterminé, en principe une heure avant la fermeture des bureaux de vote, a indiqué en conférence de presse la ministre de l'Intérieur et de la Justice.
Lors des municipales de septembre ou de l'élection présidentielle de janvier dernier, organisée sous un confinement général strict et alors que le pays était durement frappé par la pandémie, cette possibilité n'avait pas été ouverte.